mardi 27 décembre 2011
André Steiner - Ce qu'on n'a pas fini d'aimer
L’album de famille, intime et sensuel, d’un grand photographe des années 1930.
André Steiner est l’un des principaux représentants de la Nouvelle Vision, courant photographique qui, dans les années 1920-1930, participe au mouvement des avant-gardes européennes marqué par l’effervescence de toutes les formes d’art.
L’originalité de ce livre tient à ce qu’il s’intéresse à un épisode de la vie privée de Steiner, sa rencontre avec sa future épouse, Lily, et dix années intenses et passionnelles de leur histoire amoureuse et familiale. Les photos du livre, reproduites à partir des tirages originaux d’époque, montrent que l’artiste traite alors de sujets profondément intimes avec la même exigence esthétique que le reste de son œuvre. Passionné par le nu, André Steiner fait de son corps et de celui de sa femme le sujet de ses recherches artistiques. Les nus de Lily sont parmi les plus beaux de la photographie des années 1930, alliant la rigueur technique et la précision du mouvement à la sensualité. Et quand naît Nicole, leur fille, c’est le même amour qui transparaît dans les photos de maternité, images d’un bonheur à l’apparence infaillible.
En fin d’ouvrage, sont reproduits en fac-similé les unes et les articles de presse de l’époque où figurent les photos d’André Steiner. L’écrivain Arnaud Cathrine, dont on connaît le goût pour les histoires familiales, prolonge cet album rare par un portrait de Nicole, la fille d’André et de Lily encore en vie, qui a entrepris un long et patient travail pour faire connaître cette part ignorée de l’œuvre de son père.
Textes de François Cheval et Arnaud Cathrine
Editions du Bec en l'air 139 p., 32 €
Source : arnaudcathrine.com
André Steiner naît en Hongrie en 1901.
Juif, il quitte son pays pour l’Autriche lors de la promulgation des premières lois antisémites.
Il s’installe à Vienne où il étudie à l’École polytechnique pour devenir ingénieur électricien et rencontre celle qui va devenir sa femme, Lily, alors âgée de 13 ans. Après leur mariage, en 1928, ils émigrent à Paris, comme tant d’autres jeunes artistes hongrois (Brassaï, Ergy Landau, Robert Capa, Kollar, André Kertész…) qui vont bouleverser la pratique de la photographie. André ouvre un studio et commence à publier dans la presse magazine (VU puis, plus tard, Vogue ou Harper’s Bazaar…).
Champion de décathlon aux Jeux universitaires mondiaux en 1928, chef d’un réseau de résistance FTP sur la Côte d’Azur pendant la Seconde Guerre mondiale, André Steiner n’a pas cessé de multiplier les expériences. Il a abordé la photographie sous différentes facettes : des applications scientifiques à la production publicitaire, de l’abstraction photographique aux photomontages et aux travaux sur la forme nue et le mouvement. Ses recherches plastiques et esthétiques lui font rejoindre la famille des grands expérimentateurs aux côtés de Man Ray. Il est décédé à Paris en 1978.
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