lundi 10 décembre 2012

"Vive le vent, vive le vent d'hiver..." par Flora

Je n'aime pas le froid. Encore moins ce froid humide qui pénètre les vêtements, qui vous atteint sournoisement jusque sous la peau. Je me recroqueville, me roule en boule, j'hiberne... J'attends le réveil de la nature, la caresse des premiers rayons du soleil qui me désengourdiront.
Cela étonne parfois mes amis: "Comment, toi fille d'Europe centrale, avec votre climat continental, tu n'aimes pas l'hiver?"
Justement. Les jours sombres et courts de mes souvenirs hivernaux sont emmitouflés dans beaucoup de neige. Dans la cour, mon père, mon grand-père creusent de véritables tranchées dans la couche épaisse et immaculée pour nourrir les animaux. L'eau chaude gèle rapidement dans les abreuvoirs. D'énormes stalactites, des coulées de glace pendent aux gouttières. La neige craque sous nos pieds et les flocons duveteux se déposent sur nos cils, à moins qu'ils ne se fassent drus et coupants sur nos joues glacées. Frottements interminables des doigts et des orteils endoloris, malgré les gants et chaussettes épais... Odeur âcre de la fumée de charbon qui s'échappe des cheminées, avant l'arrivée du chauffage au fuel, puis au gaz.
Les joies de l'hiver aussi...  La luge que mon père fabrique pour moi et mon frère, le premier bonhomme de neige que nous confectionnons en famille, mon étonnement devant la boule devenue de plus en plus volumineuse en roulant... Les parents qui redeviennent des enfants joyeux dans la bataille de boules de neige...
Les fenêtres sont doublées, avec un écart d'environ quinze centimètres entre les vitres, pour conjurer le froid. Saint-Nicolas trouve nos chaussures astiquées avec soin, alignées dans cet espace, pour y déposer bonbons et figurines en chocolat, par la fenêtre laissée entrouverte en l'attendant. Il passe dans la rue enneigée dont les lumières sont adoucies par les reflets blancs. Avec mon frère, nous montons la garde, décidés à surprendre le mystérieux personnage qui reste toujours invisible ! Peine perdue: à un moment d'inadvertance, il parvient à déjouer notre vigilance et nous avons juste le temps d'apercevoir une moufle fugace qui ressemble étrangement à celle de notre père...
La neige constitue le décor immuable des Noëls et des réveillons de jour de l'an de mon enfance... Ces fêtes étaient-elles "blanches" tous les ans? Elles le sont dans ma mémoire, pour toujours.
Flora

Le blog de Flora en français

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