"Le premier ministre hongrois a rassemblé des dizaines de milliers de
supporteurs dans la capitale, officiellement pour commémorer
l’insurrection antisoviétique de 1956. Pour la première fois depuis
2010, il fera face, aux législatives d’avril 2022, à une opposition
unie.
« Bruxelles = dictature. » C’est
derrière cette pancarte écrite en anglais que des dizaines de milliers
de supporteurs de Viktor Orban ont défilé, samedi 23 octobre, en plein
cœur de Budapest. Officiellement destiné à commémorer l’insurrection
antisoviétique de 1956, ce gigantesque rassemblement a surtout servi à
lancer la campagne du premier ministre nationaliste hongrois en vue des
législatives d’avril 2022. A 58 ans, le chef de gouvernement magyar
espère bien décrocher un quatrième mandat d’affilée à la tête de ce pays
d’Europe centrale comptant 9,8 millions d’habitants.
Mais
ce scrutin s’annonce serré comme jamais, M. Orban faisant face à une
opposition unie pour la première fois depuis 2010, qu’il a explicitement
accusée d’être manipulée de l’extérieur.
« Nous allons gagner » face
« à Bruxelles, Washington et aux médias dirigés depuis l’étranger »,
a ainsi lancé le premier ministre devant une foule compacte, venue de
tout le pays par bus entiers, mais aussi composée de militants
nationalistes italiens et polonais. Très vocaux, ces derniers ont
détonné dans un public hongrois plutôt âgé et obéissant, et qui a défilé
dans un quasi-silence en brandissant une marée de drapeaux hongrois et
de pancartes s’en prenant à l’Union européenne (UE) et à la gauche.
« Nous ne voulons aucun changement, car Orban sauvegarde la nation et protège les familles »,
résume ainsi Tibor Tar, retraité de 72 ans, qui porte une pancarte
distribuée par les organisateurs de la manifestation – une ONG proche du
pouvoir. « Nous ne voulons pas que Bruxelles nous dicte ce qu’il faut faire »,
renchérit à ses côtés son camarade, Istvan, répétant fidèlement la
ligne du Fidesz, le parti de Viktor Orban. Enveloppée dans un drapeau
hongrois, Margit Talis, 74 ans, déclare, elle, son admiration pour « les valeurs anti-LGBT » de M. Orban, mais admet toutefois « avoir aussi un peu peur » que l’opposition puisse gagner.
Bruxelles et la « doctrine Brejnev »Pour
la première fois en douze ans, six partis allant de la gauche à une
formation issue de l’extrême droite ont en effet formé une alliance en
vue de ces législatives où le mode de scrutin favorise le parti arrivé
en tête. A la suite d’une primaire réunissant plus de 600 000 électeurs,
un outsider, Peter Marki-Zay, 49 ans, maire de Hodmezovasarhely, une
ville de province du sud-est du pays, a été élu dimanche 17 octobre
comme son candidat unique. Issu d’aucun parti, il se définit comme « conservateur et chrétien », tout en étant fermement « proeuropéen », à la grande différence de M. Orban..." La suite sur lemonde.fr (article payant)