La neige tombe à gros flocons. Lorsque le vent se lève, elle se transforme en glace, frappant la fenêtre de ma chambre et recouvrant la rue Krechtchatyk. Je contemple le spectacle depuis le treizième étage de l’hôtel Ukrayina. Un édifice magnifique, classique de l’architecture stalinienne. Le 20 février 2014, des snipers prorusses tiraient du même bâtiment sur les manifestants de la place Maïdan. Ils visaient la tête, le cou et les poumons histoire que les médecins n’aient aucune chance de sauver les victimes exfiltrées vers les hôpitaux. Cinquante personnes trouvèrent la mort. Un impact de balle, cratère dans une muraille de verre, entretient le souvenir de cette journée dramatique.

Aujourd’hui, sur la place Maïdan, des adolescents se photographient devant les lettres du mot “Ukraine”. Sous une tente, on peut se procurer des bracelets afin de soutenir la guerre durant depuis 2014. Des guirlandes illuminent les ruelles du centre-ville. Les bars débordent de jeunes. Des marchands vendent des marrons chauds aux coins des rues. Et, malgré le froid, des musiciens jouent de leurs instruments. La vie suit son cours à Kiev, tandis que les pays occidentaux évacuent en urgence leurs ambassades.

Dans les cafés, l’interview accordée par le président Volodymyr Zelensky au Washington Post alimente les conversations. Selon lui, les Russes pourraient potentiellement envahir Kharkiv. La Russie campe sur sa position et réclame que l’Otan cesse son expansion en Europe de l’Est. Les États-Unis rejettent le chantage des Russes. Les Ukrainiens ne participent pas aux discussions alors que leur sort est sur la table. L’Union européenne et les États-Unis négocient à leur place.

Déjà-vu

Dans les casernes de Kiev, on forme à la chaîne des civils au maniement des armes. Les gens ressentent une constante impression de déjà-vu. Tout le monde s’imagine de nouveau en 2014. Pour ma part, la situation me rappelle l’invasion de la Crimée, avant que les combats n’éclatent à Ilovaïsk, Slaviansk et Donetsk. Entre-temps, beaucoup de choses ont changé.

Par exemple, être journaliste hongrois en Ukraine est désormais particulièrement inconfortable. Les Ukrainiens considèrent les Hongrois comme les principaux représentants des intérêts de la Russie dans l’Otan et l’Union européenne. Alors que nous, les Magyars, expliquons la dégradation de nos relations avec l’Ukraine par la réforme de l’éducation limitant l’enseignement des langues minoritaires, dont le magyar. Dans le discours public hongrois, cette loi est [...]" La suite sur courrierinternational.com (article payant)

Sándor Jászberényi Lire l’article original