L’exécutif communautaire a décidé, dans un premier temps, de priver la Hongrie de 7,5 milliards d’euros de fonds de cohésion, soit près de 20 % des fonds européens que le pays doit percevoir entre 2021 et 2027. Il juge en effet que le gouvernement nationaliste de Viktor Orban n’a pas lancé, de manière crédible, les réformes qu’il s’était engagé à faire pour lutter contre la corruption, les conflits d’intérêts ou encore améliorer les conditions de passation de marchés publics dans son pays.

La Commission invoque – c’est une première – un nouveau règlement qui a pour vocation de protéger les intérêts des contribuables européens en vérifiant que des manquements à l’Etat de droit ne pénalisent pas le budget communautaire. C’est en avril, juste après la réélection triomphale de Viktor Orban, qu’elle a activé ce mécanisme inédit de conditionnalité.

Demande de mise en place d’une « autorité indépendante »

Budapest, qui fait face à une inflation galopante et à une chute du forint, s’est dit prêt, cet été, à prendre les mesures nécessaires pour que Bruxelles ne lui soustraie pas cet argent dont il a tant besoin. En l’espèce, le gouvernement a identifié dix-sept réformes, dont la mise en place d’une « autorité indépendante » de lutte contre la corruption et d’un groupe de travail anti­corruption où siégeraient des ONG.

La Commission savait à quel point ces promesses, dans un pays où l’entourage du premier ministre s’est enrichi grâce aux fonds européens, pouvaient être vaines. Elle a donc donné à Budapest jusqu’au 19 novembre pour les concrétiser, sans quoi, a-t-elle prévenu le 18 septembre, elle recommanderait aux Etats membres, à qui la décision finale revient, de priver la Hongrie de 7,5 milliards d’euros.

C’est ce qu’elle fera le 30 novembre, jugeant qu’aujourd’hui le compte n’y est pas. Dans l’immédiat, cela ne changera rien pour les caisses de l’Etat hongrois, qui reçoit encore des fonds de cohésion du précédent budget (2014-2020). « Il y aura un effet de réputation et les marchés demanderont à la Hongrie des taux d’intérêt plus élevés », nuance une source européenne. Enfin, si, à l’avenir, Viktor Orban se montrait plus coopératif, il pourrait obtenir des Vingt-Sept qu’ils reviennent sur leur décision." La suite sur lemonde.fr (article payant)