"Mon père eut encore un râle – et ce fut mon nom : « Eliezer. »
Je le voyais encore respirer, par saccades. Je ne bougeais pas.
Lorsque je descendis après l’appel, je pus voir encore ses lèvres murmurer quelque chose dans un tremblement. Penché au-dessus de lui, je restai plus d’une heure à le contempler, à graver en moi son visage ensanglanté, sa tête fracassée.
Puis je dus aller me coucher. Je grimpai sur ma couchette, au-dessus de mon père qui vivait encore. C’était le 28 janvier 1945.
Elie Wiesel a dédié La nuit « à la mémoire de [s]es parents et de [s]a petite sœur, Tzipora ».
De cette petite fille, quelques images subsistent, de « ses cheveux blonds bien peignés », « de son manteau rouge sur ses bras », des dents qu’elle serre en portant « un sac trop lourd pour elle » – le sac dans lequel elle porte une part des possessions de la famille expulsée vers le ghetto, dernière étape avant la déportation. Face aux gendarmes qui distribuent des coups de matraque pour faire avancer la colonne de personnes de tous âges, « elle savait déjà qu’il ne servait à rien de se plaindre », écrit plus tard son grand frère.
Quelques jours plus tard, une autre colonne, et une dernière image, de Tzipora tenant la main de sa mère, qui caresse ses cheveux blonds, « comme pour la protéger ». La famille vient d’arriver à Birkenau, les hommes envoyés à gauche, les femmes à droite.
Et je ne savais point qu’en ce lieu, en cet instant, je quittais ma mère et Tzipora pour toujours." La suite sur passagealest.wordpress.com
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