"Reportage - A Oujhorod, ville paisible de l’ouest du pays, la Russie tente d’attiser des conflits interethniques et cherche l’appui du gouvernement de Viktor Orban, qui finance cette communauté.
Le séparatisme hongrois ne se réveille pas à Oujhorod, en dépit des tiraillements identitaires dont l’Ukraine fait l’objet. Capitale de la Transcarpatie, à l’extrémité occidentale du pays, la paisible ville de 120 000 habitants abrite une importante communauté hongroise, déterminée à défendre sa langue natale. Soutenue financièrement et politiquement par le gouvernement de Viktor Orban, la minorité hongroise fait aussi l’objet d’une attention toute particulière à Moscou.
« La Russie cherche depuis plusieurs années à attiser un conflit interethnique entre Hongrois et Ukrainiens, afin de renforcer le sentiment que l’Ukraine, en tant qu’Etat, est un échec », assure Alekseï Petrov, président du conseil régional de Transcarpatie. « J’en suis d’autant mieux informé que je viens du contre-espionnage [SBU] », précise-t-il.
Pour preuve, M. Petrov mentionne une série d’incidents survenus à Oujhorod ces dernières années : incendie d’un centre culturel et saccage d’un cimetière hongrois, menaces sur les réseaux sociaux. L’élu, dont le passé au SBU n’est sans doute pas étranger à son parachutage à Oujhorod, affirme que les exécutants se présentent comme des militants d’extrême droite, mais « agissent sur ordre du GRU », c’est-à-dire le renseignement militaire russe.
« Moyen de pression diplomatique sur Kiev »Alors
que l’Ukraine célébrait, mardi 24 août, ses trente ans d’indépendance,
le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, se rendait le
même jour à Budapest pour y chercher un allié contre Kiev sur le thème
de la discrimination ethnique chez leur voisin commun. Etablissant un
parallèle entre les Russes du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, et les
Hongrois de Transcarpatie, le chef de la diplomatie russe a dénoncé « une pratique similaire à celle de l’Allemagne nazie ». Mesuré, son homologue hongrois, Peter Szijjarto, a quant à lui préféré réaffirmer son « soutien à l’intégrité territoriale de l’Ukraine », tout en soulignant d’importants désaccords avec Kiev sur le respect des droits des minorités nationales."
« Il n’y a aucun séparatisme hongrois ici », confirme au Monde Jozsef Barta, chef de la fraction parlementaire du KMKSZ, parti de la minorité hongroise. « Ce que nous voulons, c’est conserver à nos enfants le droit à un enseignement en langue hongroise pendant tout le cursus scolaire. » Kiev a adopté en 2017 une loi imposant que la langue ukrainienne soit dominante dans tous les collèges et lycées. « On nous dit que c’est pour favoriser notre intégration, alors qu’en fait les enfants apprennent mieux dans leur langue natale », argumente-t-il." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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