« Et si je m’étendais là, sur la route... En cherchant un peu, je trouverais peut-être des traces de sang ou de craie. Depuis le temps, il faudrait gratter le goudron à me déchirer les ongles, puis me bouffer les doigts jusqu’à l’épuisement et me mettre en chien de fusil dans le crépuscule. La caméra sur moi prendrait de la hauteur, mon corps rétrécirait dans le soir pour attendre qu’une voiture me piège au travers de ses feux et me percute dans un bruit sourd, sordide et définitif. Mais il faut se ressaisir, s’accrocher à la bouée, respirer. On n’a pas fini de souffrir : mourir, c’est facile. »
On traverse beaucoup de villages dans
une vie. En cette matinée du dimanche
15 octobre 2006, c’est celui d’Olaszhalom
que traversent un professeur d’histoire et ses
deux enfants. À deux heures de Budapest, la
bourgade compte 1 500 âmes, une station essence, des cigognes, trois églises. Et en
contrebas de la route principale, une rivière dans
laquelle chahutent des dizaines de tsiganes.
Une fille surgit devant la voiture du professeur.
Dès lors, toutes les haines qui couvent dans
le pays se cristallisent et le nom d’Olaszhalom
devient maléfique.
Ce 15 octobre 2006, Eva a douze ans, nage
comme une championne et déteste les dimanches en famille. Elle est dans la voiture avec son
père et son petit frère quand les pneus crissent.
Alors que tout bascule, son destin mais aussi son
passé se trouvent emprisonnés dans la geôle d’un
fait divers glaçant sur lequel planent Beethoven,
Laure Manaudou et un certain Viktor Orbán.
Jean-Charles Chapuzet est né en 1976, il vit
en Charente-Maritime. Journaliste, historien, critique vin, il est aussi scénariste de BD.
Ses deux récits de non-fiction, Mauvais Plan
sur la comète et Du bleu dans la nuit (prix
Polar en Séries 2021), sont parus aux éditions
Marchialy. Le Cri de la cigogne est un roman
inspiré d’un fait divers.
Source : robertlaffont.com
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