lundi 23 août 2021

Il était une fois l’homophobie en Hongrie

« Un pays, un livre » (18/24). Après le scandale provoqué par la publication d’un recueil de contes pour enfants revisités de manière inclusive et publiés pour le compte d’une association lesbienne, l’extrême droite au pouvoir a fait voter une loi assimilant l’homosexualité et la transsexualité à la pédocriminalité.

Un livre pour enfants a tellement agité le débat public en Hongrie qu’il a motivé le vote d’une loi visant à interdire les contenus « montrant l’homosexualité et le changement de genre aux mineurs ». Adopté le 15 juin par les députés du Fidesz, le parti du premier ministre nationaliste, Viktor Orban, le texte assimile l’homosexualité et la transsexualité à la pédophilie, et a pour objectif inavoué de rendre Meseorszag mindenkié (« des contes pour tous », éd. Labrisz, non traduit) inaccessible dans les librairies et bibliothèques. La controverse suscitée a poussé M. Orban à annoncer, le 21 juillet, l’organisation d’un référendum sur le sujet.

« Nous ne savons pas ce que la loi va donner mais tout est imaginable », explique Boldizsar Nagy, éditeur du livre publié en septembre 2020 pour le compte de l’association lesbienne Labrisz. Ecrites par des auteurs différents, les 17 histoires mettent notamment en scène une Cendrillon en garçon rom homosexuel, une Blanche-Neige en garçon manqué, des héros transgenres ou handicapés…

Dès la publication, l’extrême droite hongroise se scandalise. Une députée broie le livre en public en affirmant « ne pas tolérer que les enfants soient exposés à la propagande homosexuelle », des librairies vendant le livre sont attaquées, une pétition recueille des dizaines de milliers de signatures, jusqu’à ce que Viktor Orban lui-même appelle les homosexuels « à ne pas franchir une ligne rouge », résumée ainsi : « Laissez nos enfants tranquilles. »

De multiples traductions en préparation

La loi du 15 juin s’appliquera aux domaines de l’édition, de l’art ou de la publicité. Les éditeurs hongrois s’inquiètent du fait que des dizaines d’auteurs classiques, comme Rimbaud ou Shakespeare, soient interdits. En attendant, Meseorszag mindenkié se vend. Beaucoup. Il est passé d’un tirage initial de 1 500 exemplaires à 28 000 écoulés à ce jour, selon M. Nagy, qui ajoute : « Jamais un livre pour enfants écrit par des Hongrois n’a été aussi bien vendu », dans un pays qui compte moins de 10 millions d’habitants. Sans compter les multiples traductions en préparation. « Ces attaques homophobes ont scandalisé beaucoup de gens qui ont acheté le livre pour exprimer leur solidarité », assure l’éditeur.

Fort de ce succès, un autre livre est sorti au printemps, représentant des familles homoparentales en Hongrie, où les homosexuels ne sont pas autorisés à adopter. Après le vote de la loi dite « anti-pédophile », des enseignants se sont exposés à des sanctions en se procurant les deux ouvrages pour les mettre à la disposition de leurs élèves. Cette polémique témoigne de la régression du débat autour des questions de genre dans la société hongroise, pourtant traditionnellement plus tolérante que la très catholique Pologne." la suite sur lemonde.fr (article payant)

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