Je
voudrais d’abord vous remercier tous pour ce débat. Je vous
remercie de vous intéresser à la Hongrie, et d’avoir exprimé
votre opinion.
Et
je voudrais évidemment remercier tout spécialement les députés
qui ont soutenu ici publiquement la Hongrie, le peuple hongrois et
les décisions que nous avons prises. Merci pour votre solidarité!
Il y a eu aussi des intervenants hongrois. Je ne voudrais pas
qualifier le comportement de ceux qui, ici, à Bruxelles, attaquent
leur propre pays. Je pense pour ma part que ce genre de débat doit
être mené chez nous, en Hongrie. M. le Député Verhofstadt, je
voudrais vous dire que cela fait un moment que j’ai l’impression
que vous souhaitez dire aux Hongrois ce qu’ils ont à faire. Je
vous prie de laisser cela aux électeurs hongrois, ils ont la
possibilité d’en décider tous les quatre ans.
M.
le Vice-Président Timmermans, je voudrais vous remercier pour ce que
vous avez dit. Je voudrais vous remercier d’avoir proposé un
dialogue ouvert et sur le fond. Nous sommes prêts à discuter de
tous les points que vous avez soulevés, et je pense que sur un bon
nombre d’entre eux nous n’aurons pas de mal à trouver une
solution.
Je
suis néanmoins au regret de devoir réagir aux déclarations de M.
le Député Pittella, parce que je pense qu’il n’a pas été
correct avec moi en plaçant son intervention sous le signe de
l’agressivité. Permettez-moi, M. le Député, de corriger une de
vos affirmations. Ce n’est pas en Hongrie que les migrants veulent
pénétrer. Les migrants veulent passer par la Hongrie pour pénétrer
en Autriche, en Allemagne et en Suède. C’est pourquoi nous
protégeons en réalité l’Autriche, l’Allemagne et la Suède.
Nous ne faisons rien d'autre que d’appliquer la Convention de
Schengen, et je trouve étrange qu’en votre qualité de député
européen vous vous en preniez à la Hongrie pour la raison que la
Hongrie applique la Convention de Schengen, et ce même pas dans son
propre intérêt, mais dans celui des Allemands, des Suédois et des
Autrichiens. Nous pensons quant à nous que l’on devrait plutôt
nous féliciter pour cela, au lieu de nous clouer au pilori.
Quant
aux interventions qui s’efforcent de créer une opposition à mon
parti au sein du Parti Populaire Européen, je dois vous dire – et
si j’offusque quelqu’un, je m’en excuse, mais nous sommes bien
placés pour le savoir – que c’est une vieille tactique
communiste : vous voulez appliquer la technique du salami au
Parti Populaire Européen. Vous voulez le « salamiser »
pour ensuite y être les plus forts. Nous connaissons cela, c’est
comme cela que les communistes ont détruit la démocratie en
Hongrie. Je demande au Parti Populaire Européen de ne pas entrer
dans ce jeu-là.
Notre
position dans l’affaire des migrants, Mesdames et Messieurs, est
parfaitement claire. Il faut arrêter l’immigration illégale, le
tri entre les réfugiés et les migrants doit être effectué
en-dehors du territoire de l’Union, il faut faire aller l’aide
aux nécessiteux là où se trouvent les problèmes, et non pas faire
venir les nécessiteux dans l’Union européenne. Qui n’exécute
pas la relocalisation?
Cher
M. Pittella, la relocalisation a porté, à ce jour, sur moins de 10%
de l’objectif. Ce n’est pas la Hongrie qui est en cause, nous
n’étions concernés que pour 1000 personnes. L’on n’a réussi
à relocaliser que 10% de l’objectif ! Il est clair que la
politique de relocalisation basée sur les quotas obligatoires a
échoué. Il est inutile d’insister, puisque les Etats eux-mêmes
qui – contrairement à nous – ne s’y sont pas ouvertement
opposés ne l’appliquent pas non plus. C’était une mauvaise
idée. Et s’il s’avère d’une mauvaise idée qu’elle a
échoué, il faut l’abandonner et rechercher une autre solution.
Je
dois dire quelques mots de l’argent aussi. Vous savez, l’argent
que la Hongrie reçoit de l’Union européenne n’est pas une
aumône. La politique de cohésion profite à tout le monde, tous les
Etats-membres de l’Union européenne en profitent, vous aussi y
trouvez votre bénéfice. Ceux qui donnent l’argent en reçoivent
aussi. Et ils en reçoivent pas mal, disons-le clairement. Les
contributeurs nets sont les bénéficiaires de la politique de
cohésion, vos Commissaires ne cessent de le dire, et ils donnent
même des chiffres. Je ne voudrais pas rappeler quelle proportion de
ce que nous recevons fait retour dans vos pays. Je suis convaincu que
cette politique de cohésion est une bonne chose. Nous avons
démantelé nos barrières douanières, nous avons ouvert nos
marchés, et nous avons permis la libre circulation des capitaux à
une époque où nous n’étions qu’un pauvre diable démuni de
tout et sous-capitalisé. Je suis convaincu que sans politique de
cohésion il n’y a pas de concurrence honnête. Vous n’avez pas
le droit, Mesdames et Messieurs les Députés, de nous demander de
« la fermer », et vous n’avez pas le droit de nous
parler sur le ton de ceux qui nous feraient des cadeaux et dont nous
serions les obligés stipendiés. Nous ne pouvons pas accepter une
telle attitude, la Hongrie la rejette avec la plus grande
détermination.
En
ce qui concerne l’allégation selon laquelle la Hongrie serait une
sorte de régime autoritaire, qui plus est, ajoute-t-on, de mon fait
– quoique bien entendu ce n’est pas de moi qu’il s’agit ici,
mais des dix millions de Hongrois –, je voudrais vous rappeler que
j’ai passé seize ans dans l’opposition au Parlement hongrois, et
que je viens seulement de commencer ma douzième année en tant que
chef de gouvernement. Je fais partie du petit nombre de dirigeants
européens qui, lorsqu’ils ont été battus, ne se sont pas
réfugiés dans le monde des affaires, n’ont pas pris place dans
des conseils de surveillance bien rémunérés, et ne tiennent pas de
conférences aux honoraires mirifiques. Quand nous avons été
battus, mon parti et moi-même personnellement sommes restés dans la
politique, nous avons affronté les débats en position d’opposition,
nous avons lutté, et nous avons regagné la confiance de nos
électeurs. Accuser un tel parti de dérive autoritaire et le
comparer systématiquement à des Etats autoritaires est tout
simplement malhonnête et incorrect.
Pour
ce qui concerne George Soros, je pense beaucoup de choses sur son
compte, mais s’il y a une chose que je ne suppose pas de sa part,
c’est bien qu’il ait jamais octroyé à quiconque une bourse avec
l’intention de s’acheter pour la vie les bonnes grâces du
bénéficiaire. Je dois donc rejeter aussi les allégations faites
sur ce sujet.
Et
enfin, je voudrais dire un mot sur la « démocratie
illibérale », puisque vous l’avez évoquée. L’on tend à
penser que si en Europe centrale les libéraux ne gagnent pas, ou
lorsqu’ils ne font pas partie du gouvernement, il n’y a pas de
démocratie. Cela suffit ! Nous pensons quant à nous que la
démocratie peut bel et bien exister même là où les libéraux ne
gagnent pas. La « démocratie illibérale » n’est rien
d’autre qu’une démocratie où ce ne sont pas les libéraux qui
gagnent.
Je
vous remercie pour votre attention.
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