"Rencontre avec Corinne Welger-Barboza, l’auteure d’une grande saga familiale
Corinne Welger-Barboza, était universitaire,
spécialiste de l’histoire de l’art et du patrimoine. Elle vient de
publier un livre de recherche sur l’histoire de sa famille. Une famille
juive qui, au cours des deux derniers siècles a parcouru l’Europe,
depuis la Galicie par Budapest jusqu’en France ou aux Etats-Unis. Une
acculturation réussie pour ceux qui ont survécu ou échappé à l’enfer des
camps. C’est à la veille du 75ème anniversaire de la
libération des camps d’extermination que le livre est paru. Nous
revisitons avec l’auteure, parisienne depuis 2 générations, les énigmes
de l’identité de sa famille dont toutes les branches sont hongroises.
Son regard sur la Hongrie historique et contemporaine est
particulièrement riche d’enseignements pour nous.
JFB : En déplacement – pourquoi as-tu choisi ce titre et qu’est-ce qui t’a ramenée à entreprendre l’écriture de ce livre ?
Corinne Welger Barboza : En
déplacement, c’est l’histoire de Juifs qui se pensent enracinés mais qui
n’arrêtent pas de migrer, au cours des deux derniers siècles. Hongrois,
ils viennent de Galicie ou de Bohème-Moravie, comme la plupart des
Juifs hongrois, d’ailleurs. Puis, certains d’entre eux ont fait le choix
de la France. D’où un grand nombre est reparti… pour Auschwitz. Le
déplacement, c’est également le mien, celui qui m’a animée et
m’inspirée, tout au long de l’écriture de ce livre. Dès lors que l’on
écrit sur sa famille, l’on doit déverrouiller la place assignée à chacun
car cette distribution établie forge notre regard et surtout nos points
aveugles. S’agissant des disparus de ma famille, c’était encore plus
vrai : il était nécessaire de briser la clôture des maigres récits, se
déplacer au-delà de ce qui est tu ou ignoré ou négligé. La présence même
des disparus, au sein de la famille, était indexée sur la place plus ou
moins centrale, occupée par les vivants. Je crois que cela vaut pour
toutes les familles. La mort de mon père, à l’été 2013, a opéré un
déclic pour que le projet du livre se forme ; je l’ai compris
après-coup. De plus en plus clairement, au cours de ces quatre années de
travail. Ce deuil m’a mise en mouvement, m’a nourrie d’une énergie que
je ne pouvais pas soupçonner." La suite sur jfb.hu
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