"Seul pays ouvertement opposé à l’aide militaire à l’Ukraine, la Hongrie
de Viktor Orban pourrait se trouver moins isolée si la Slovaquie
basculait aux élections de septembre, analyse Sylvie Kauffmann,
éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.
Dans l’Union européenne, Viktor
Orban connaît sa place – et ses limites. Il n’a pas la folie des
grandeurs. Son pays, la Hongrie, compte moins de 10 millions
d’habitants, ne fait pas partie de la zone euro. Quand il parle de
l’Allemagne ou de la France avec d’autres partenaires européens, il dit « the Big Guys »,
et tout le monde comprend. Il savoure ce pouvoir de veto que lui
confèrent les traités et qui lui permet, de temps à autre, de tenir la
dragée haute aux « Big Guys », mais il se garde bien de franchir
certaines lignes rouges. Il vote les sanctions contre la Russie, même
s’il les désapprouve. L’UE, il ne l’aime pas, mais il ne la quitte pas.
Au pouvoir depuis treize ans après un premier mandat de 1998 à 2002, le premier ministre hongrois, chantre de la « démocratie illibérale », s’est installé dans le paysage européen, sorte de mouton noir dont on a appris à limiter les nuisances. « C’est pénible, mais on le gère, commente avec un soupir un diplomate d’un pays des “Big Guys”. Il a perdu ses amis. » L’incendie populiste qui, dans la foulée du vote du Brexit, tétanisait les « européistes » aurait-il été circonscrit ?
Pas tout à fait. Le feu couve toujours, et la Russie de Vladimir Poutine souffle sur les braises. La guerre en Ukraine a rebattu les cartes dans l’Europe postcommuniste. Elle a brisé le tandem Pologne-Hongrie, qui, depuis 2015, faisait front commun sur la question de l’Etat de droit mais s’est divisé sur la conduite à tenir face à la Russie : Varsovie lui est farouchement hostile, Budapest maintient des liens étroits avec Moscou. Elle a tué le groupe de Visegrad, au sein duquel Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie se serraient les coudes depuis les années 1990 face aux puissants Etats membres de l’ouest de l’UE.
Polarisation politiqueSurtout,
la guerre et son cortège d’effets collatéraux – l’inflation, les prix
de l’énergie, les débats sur l’aide militaire – fragilisent les forces
politiques modérées, souvent regroupées en coalitions hétéroclites. On
l’a vu en 2022 en Bulgarie, où le premier ministre Kiril Petkov a été chassé du pouvoir.
La prochaine victime pourrait bien être la Slovaquie : le nationaliste
Robert Fico, un émule de Viktor Orban, est en bonne position pour
remporter les élections législatives de septembre. Premier ministre, il
avait été poussé à partir dans la disgrâce en 2018 à la suite de l’assassinat du journaliste Jan Kuciak, qui enquêtait sur la corruption dans les cercles du pouvoir." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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