Le narrateur de cet Évangile selon Marc ne parle pas. Sa
mère, son père, son frère et ses deux grands-mères le croient
sourd-muet. Et pourtant, c’est lui qui raconte l’histoire.
La
famille, considérée comme «ennemie du peuple», a été chassée de Budapest
pour travailler sous la surveillance d’un paysan. La nuit, dans
l’unique chambre, le jeune garçon écoute les disputes de ses parents et
rêve de la voisine. À force d’entendre sa grand-mère douter du dessein
divin, il commence à s’identifier au Petit Jésus accroché au mur,
sourd-muet lui aussi. Mais le plus solitaire, c’est Dieu, le grand
silencieux, qui, lui, n’a personne à qui adresser ses prières.
La Version selon Marc
peut se lire comme le récit d’une enfance hongroise d’après-guerre.
Mais au-delà de cette simplicité apparente, l’auteur ne renonce jamais à
l’humour, à l’impertinence et au jeu sur les références littéraires,
qui lui sont propres. L’Évangile selon saint Marc, marqué comme aucun
autre texte biblique par le doute mystique, se mue sous la plume
d’Esterházy en une réflexion humaine, religieuse et littéraire à la
beauté profonde.
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