"Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán accueillera cette semaine à
Budapest, comme en 2022, la très trumpiste Conservative Political Action
Conference.
« Où est mon bon ami @realDonaldTrump ? » Quand Viktor Orbán fit
en octobre ses premiers pas sur Twitter, ce message fut l’un des
premiers qu’il publia. Le Premier ministre hongrois ne mit pas
longtemps à retrouver son « bon ami ». Aujourd’hui, le nouveau
compte de l’ancien président américain fait partie des seuls 63
abonnements du père de la démocratie illibérale en Europe. Au-delà de
cette idylle sur les réseaux sociaux, lentement, depuis des mois, voire
des années, des liens entre les entourages des deux hommes et plus globalement entre ultraconservateurs européens et américains se sont noués.
Déjà, en 2018, Steve Bannon,
l’ex-éminence grise de Trump, avait entrepris, sans grand succès,
d’effectuer cette jonction, faisant de la Hongrie l’un de ses camps de
base. « Partout, les mouvements réactionnaires ont le vent en poupe, souligne Soufian Alsabbagh, auteur de « La Nouvelle Droite américaine » (éd. Demopolis) et professeur au Baruch College de New York. Leurs dirigeants savent que leur moment est arrivé. Ils créent des ponts, se parlent. »" La suite sur lejdd.fr (article payant)
Cette
toile devrait un peu plus s’étendre jeudi puisque Budapest accueillera
pour la deuxième année d’affilée la CPAC (Conservative Political
Action Conference), un raout semestriel organisé aux États-Unis par la
frange la plus à droite du Parti républicain. Depuis 2017, le concept a
été adopté à travers le monde et la CPAC a vu des filiales naître au
Japon, au Mexique, en Israël et en Australie. Dans la capitale hongroise
va défiler jeudi et vendredi tout ce que l’Europe compte de droites
dures sinon extrêmes : des représentants du FPÖ autrichien ou du Vox
espagnol, le Premier ministre géorgien… Le président du Rassemblement
national, Jordan Bardella, bien qu’il ne figure pas sur le programme
officiel, a aussi annoncé sa venue. Outre quelques internationaux, comme
Eduardo Bolsonaro, fils de l’ex-président brésilien, l’autre moitié du
panel d’intervenants regroupe la frange la plus radicale du Parti
républicain, autrement dit trumpiste, qui a gardé la main sur le Grand
Old Party. Figure notamment Kari Lake,
qui a échoué à ravir le poste de gouverneur de l’Arizona mais reste
présentée comme une possible colistière du milliardaire pour 2024. Le
reste des invités américains à la tribune figure un patchwork
d’influenceurs, de personnalités des médias ou de théoriciens de
l’ultraconservatisme.
Que la CPAC ait choisi Budapest comme point de chute en Europe n’est en rien une surprise. « Viktor Orbán est devenu l’enfant chéri de certains milieux républicains, explique un observateur avisé. Parce qu’il réussit à se maintenir au pouvoir en Hongrie depuis 2010 et parvient à y appliquer ses idées, il est un modèle. »
Au point que le Hongrois a été invité à la CPAC de Dallas (Texas) en
août dernier. Il y avait livré un discours où il appelait à revitaliser
la famille, la religion chrétienne, à lutter contre la globalisation et
l’immigration. Ces valeurs – qui passent aussi par un discours anti-LGBT
ou antiavortement – unissent les deux côtés de l’Atlantique. « Ces pôles se nourrissent les uns les autres », affirme Soufian Alsabbagh. « L’antiwokisme, par exemple, est un concept d’abord né aux États-Unis, soutient notre observateur. Mais Orbán l’a repris à son compte et lui a donné des traductions concrètes dans son pays. »
Promoteur de la pensée conservatrice voire illibérale
« Ce qui intéresse certains milieux conservateurs américains, c’est justement comment Orbán et son parti, le Fidesz, mettent en œuvre leur politique, souligne Julian Waller, politiste à l’université George-Washington.
La ligne traditionnelle des conservateurs américains a toujours reposé
sur un libertarisme qui réclame toujours moins d’intervention de l’État.
Or Orbán fait l’inverse et utilise les moyens du gouvernement, la
coercition pour atteindre ses objectifs. Ce conservatisme d’État, ou
national-conservatisme, est étudié de près aux États-Unis. » Ou comment la droite américaine entame sa conversion à l’illibéralisme.
Dans
la guerre culturelle qu’il a entamée contre les courants progressistes
dans son pays et en Europe, Viktor Orbán a fondé un certain nombre
d’organisations afin de promouvoir la pensée conservatrice. Pour la
nourrir, il est demandeur de « lumières » venues des États-Unis. « Par exemple, note Julian Waller,
l’Institut hongrois pour les affaires internationales vient de se doter
d’un nouveau président américain, Gladden Pappin, professeur à
l’université de Dallas. » Ce même Pappin, réactionnaire revendiqué, officie aussi au Mathias Corvinus Collegium, une « école » de Budapest financée par les deniers publics hongrois et censée former la future élite conservatrice. Un établissement où Tucker Carlson, qui s’avoue fasciné par le modèle hongrois au point de lui avoir consacré un « documentaire », avait donné une conférence en 2021.
La CPAC de la semaine prochaine est donc une nouvelle étape dans la construction de ce réseau transcontinental. « Si c’est une réussite, soutient Julian Waller, alors il faudra s’attendre à voir les événements de ce genre se multiplier à l’avenir
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