"La loi contre la « promotion de l’homosexualité » auprès des mineurs, dénoncée par la Commission européenne, s’impose désormais aux libraires sous forme de lourdes amendes.
« La première fois que j’ai vu mon livre sous plastique, j’ai eu l’impression de vivre en dystopie, témoigne Tibor Rácz-Stefán, auteur hongrois de Je te veux pour Noël (non traduit), un ouvrage sorti cet hiver racontant le coming out du jeune Bence. C’est un peu comme s’il y avait dans mon roman quelque chose de honteux à cacher, alors qu’il est évalué très positivement par les lecteurs et se vendait très bien. » L’écrivain homosexuel de 35 ans observe que de moins en moins de librairies proposent son roman et redoute la censure.
Depuis deux ans, la Hongrie du nationaliste Viktor Orbán interdit aussi bien « l’affichage » que « la promotion de l’homosexualité » et du « changement de genre » auprès des moins de 18 ans. En vigueur depuis le 1er juillet 2021, cette loi sur la « protection des enfants » n’avait guère été appliquée au monde du livre. Sauf qu’en mai, l’autorité de protection des consommateurs a lancé deux procédures contre les deux plus grosses chaînes de librairies du pays, Libri et Lira, pour des livres vendus au rayon jeunesse non conformes aux exigences de la loi. Libri a dû s’acquitter d’une amende de 1 million de forints (2 600 euros) et Lira de 12 millions de forints (31 400 euros).
Conséquence : les librairies ont plastifié les livres jugés « sensibles » ou les ont déplacés dans la section adulte, quand elles n’ont pas décidé de s’abstenir de les vendre. La législation jugée discriminante avait suscité un tollé lors de sa promulgation. La Commission européenne a saisi la Cour de justice de l’Union européenne à l’encontre de la Hongrie : des procédures qui risquent de prendre de longs mois avant d’aboutir.
Interdit en librairie, accessible sur NetflixTibor Rácz-Stefán assure que son livre n’est désormais vendu « que dans une seule boutique » du groupe Libri. Dans la capitale, au moins deux établissements du groupe n’en disposaient effectivement pas à la mi-août. « C’est un livre très demandé, mais nous ne l’avons plus en magasin », explique une employée de l’enseigne dans le centre-ville de Budapest. « J’ai peur qu’à terme, mon œuvre ne parvienne plus aux lecteurs. Ce serait une grande perte pour mon éditeur et moi-même, mais aussi pour la jeunesse LGBTQ + hongroise. C’est d’autant plus problématique que les Hongrois achètent peu de livres en ligne et qu’Amazon ne distribue pas chez nous », s’alarme Tibor Rácz-Stefán." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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