C’est un véritable événement de recevoir ce grand écrivain hongrois contemporain, dont l’œuvre a reçu les plus hautes distinctions dans son pays et à l’étranger. Il a remporté en 2015 le Man Booker International Prize, le prestigieux prix britannique décerné tous les deux ans à un auteur étranger pour l’ensemble de son œuvre. « László Krasznahorkai est un écrivain visionnaire d’une extraordinaire intensité et dont la tessiture capte le moment présent dans des scènes terrifiantes, étranges, épouvantablement comiques et souvent d’une beauté bouleversante », a commenté la présidente du jury.
Sept de ses livres ont été traduits en français, « Le Tango de Satan », « La Mélancolie de la résistance», « Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l’ouest par des chemins, à l’est par un cours d’eau », « Thésée universel », « La venue d’Isaïe », « Guerre et guerre », traduits par Joëlle Dufeuilly qui a reçu le grand prix SGDL de la traduction en 2014, et «Sous le coup de la grâce », traduit par Marc Martin.
Il a lui-même adapté pour le cinéma, avec le grand réalisateur Béla Tarr, Le Tango de Satan, Les Harmonies Werckmeister (à partir de La Mélancolie de la résistance), et on lui doit le scénario du Cheval de Turin, et auparavant de Damnation et de L’Homme de Londres.
« Ses longues phrases tortueuses m’enchantent, et même si son univers apparaît ténébreux, toujours nous faisons l’expérience de cette transcendance synonyme selon Nietzsche de consolation métaphysique », écrivait Imre Kertész lors de la publication de « Guerre et guerre ». « Un écrivain grandiose et tout à fait prodigieux. Un des plus grands auteurs européens vivant. » Sabine Audrerie, France Culture
Les 17 histoires qui constituent « Seiobo » (paru en 2008 en Hongrie), remarquablement traduites, ont chacune trait à une aventure artistique accompagnée d’une émotion esthétique bouleversante, et traversent en tous sens l’espace et le temps. Avec une écriture somptueuse, à la mesure des chefs d’œuvres dont il nous conte, avec une infinie précision, la genèse et la réalisation périlleuse, László Krasznahorkai nous propulse dans le Japon du XVe siècle auprès des acteurs de Nô, à la découverte du sanctuaire d’Ise, à Florence dans l’Italie du Quattrocento où nous croisons Raphaël et Botticelli, en Espagne avec une enquête minutieuse sur la construction de l’Alhambra, en Grèce à la conquête d'une inaccessible Acropole, auprès des charmes irrésistibles de la Vénus de Milo au Louvre, jusque dans les dessous terrifiants de la croûte terrestre en Chine et vers l’univers de paix de la déesse Seiobo descendue des cieux auprès d’un acteur de Nô. Il est impossible d’énumérer les épisodes et les œuvres au cœur desquelles il nous conduit en cherchant à transmettre leur beauté fascinante et parfois leurs pièges. Après la première histoire qui est un véritable tableau japonais, un plan fixe parcouru de lumière et de frémissements, László Krasznahorkai nous entraîne dans les vertiges de la création artistique, savante et toujours risquée. Il mêle le suspense aux descriptions minutieuses longuement détaillées, pousse le sublime et l'horreur jusqu'à la fascination, et donne une vie magique et angoissante à de mystérieuses œuvres d’art, qui transgressent les lois humaines en surgissant dans la réalité.
C’est une occasion exceptionnelle qui nous est offerte, grâce à l'invitation d'Ombres Blanches, de rencontrer cet écrivain majeur, trop peu connu en France.
J’aurai l’honneur et le plaisir d’animer cette rencontre avec László Krasznahorkai. Daniel Huber en sera l’interprète.
Jeudi 5 avril à 18h, Librairie Ombres Blanches, salle des débats, rue Mirepoix
Yvette Goldberger-Joselzon
László Krasznahorkai
ISBN : 2366243294
Éditeur : Cambourakis (à paraître le 14/03/2018)
Éditeur : Cambourakis (à paraître le 14/03/2018)
Résumé :
Paru
en Hongrie en 2008, «Seiobo »est l'avant-dernier roman en date de
László Krasznahorkai, composé de 17 chapitres qui sont autant de
variations et de réflexions sur l'art, la création, la quête de la
beauté et du sacré. L'auteur nous entraine dans un long voyage à travers
les époques et les lieux, avec le souci constant d'étudier la manière
dont les hommes parviennent à trouver une place dans le mondepar la création ou la contemplation d’œuvres d'art. Déployant une nouvelle fois sa prose au rythme si particulier, Krasznahorkai impressionne et touche dans cette œuvre où il interroge à la fois le rôle des artistes, des spectateurs et l'émotion que peuvent susciter les œuvres d'art sur tous les êtres humains, qu'il s'agisse d'un modeste paysan hongrois ou d'un conservateur français résolument urbain
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