C’est indiqué à l’entrée du pont
surplombant le Danube, là où les festivaliers multiplient les selfies :
« Sziget, l’île de la liberté ». Le slogan laisse supposer que la
liberté coulerait un peu moins autour des 75 hectares que forme Obuda,
au nord du centre-ville de Budapest, où se tient le plus grand festival
de musique d’Europe : près de 500 000 spectateurs en sept jours,
accueillis dans un Etat qui n’occupe que le douzième rang en taille dans
l’Union européenne mais se trouve idéalement situé au cœur de la
Mitteleuropa. A ce paradoxe fondateur s’en est ajouté un autre, depuis
2010, avec le retour durable du premier ministre Viktor Orban : dès sa
deuxième édition, en 1994 (avec Jethro Tull et Ten Years After), Sziget
n’a cessé, à grand renfort de signes « Peace and Love », de jouer
l’analogie avec le père des festivals, se baptisant alors
« Eurowoodstock ». Et de prôner des valeurs aux antipodes de celles du
chef nationaliste du Fidesz.
Ce qui rapproche le plus Sziget de Woodstock, dont on célèbre ces jours-ci le cinquantenaire, ce
sont surtout les tentes à même le site, comme les sacs de couchage
l’étaient sur le champ de Bethel. Mais là-bas, jadis, on entendait des
discours contre l’administration américaine ou la guerre du Vietnam.
Ici, rien de bien offensif derrière le mot d’ordre « Love Revolution ».
Le premier terme est censé mettre à peu près tout le monde d’accord,
quand le second est utilisé de nos jours pour vendre des chaussures de
sport et des smartphones.
Les
marques ont d’ailleurs pris les leurs entre les quatorze scènes. La
principale, nommée en mémoire de Dan Panaitescu, le programmateur
historique du festival, mort en 2016, est réservée aux poids lourds de
la scène internationale, tels Foo Fighters pour finir, un groupe dont le
cachet était trop élevé cet été pour les festivals français. « Nous
avons dépensé autant d’argent pour le dernier jour de programmation sur
la scène principale que nous l’avons fait pour l’ensemble des artistes
internationaux lors des deux dernières éditions, confie la directrice de la programmation, Virag Csiszar.
Mais, contrairement à la France, où plusieurs festivals sont en
concurrence, nous sommes les seuls dans notre zone géographique à
pouvoir payer de tels cachets »." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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