L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
"Le réalisateur s’est inspiré d’un roman de Pal Zavada pour son premier
long-métrage, hanté par une beauté sépulcrale, qui revient sur un
épisode oublié du conflit.
Les généralités sur les tempéraments nationaux sont généralement assez pénibles. Qui plus est quand une vision d’un cinéma les étaie, nécessairement parcellaire, doublée de cette vieille croyance romantique en l’expression artistique de l’« âme » d’une nation. Il faut pourtant convenir que certaines cinématographies, par la récurrence en leur sein de certaines lignes de force, de certaines inclinations, de certains sujets, invitent à ce périlleux exercice. C’est, sans doute, une tendance qui se vérifie un peu partout dans le monde, mais nulle part aussi fortement, et selon les mêmes obsessions et modalités, que dans deux des productions nationales issues du défunt Empire austro-hongrois.
On savait ce dernier puissamment travaillé par la question du désir et de la mort (Sacher-Masoch, Freud, Zweig, Klimt, Schiele et autres névropathes). Ses rejetons cinématographiques autrichien et hongrois ne sont pas en reste, dont l’intérêt particulier pour la médiocrité, l’abjection et autres turpitudes humaines n’est plus à démontrer. Pour ne considérer que le second, qui nous intéresse aujourd’hui, posons ici pour mémoire ces quelques titres semant l’effroi parmi leurs spectateurs : Jours glacés (Andras Kovacs, 1966), Le Cœur du tyran (Miklos Jancso, 1981) ; Mephisto (Istvan Szabo, 1981) ; Satantango (Le Tango de Satan, Bela Tarr, 1994) ; Etre sans destin (Lajos Koltai, 2005) ; Taxidermie (György Palfi, 2006) ; Delta (Kornel Mundruczo, 2008) ; Le Fils de Saul (Laszlo Nemes, 2015).
Sans surprise excessive, on y trouve pas mal de choses sur la seconde guerre mondiale, du temps où le gouvernement hongrois, allié du IIIe Reich, sous la conduite de l’amiral Miklos Horthy, fit rafler, en 1944, plus de 400 000 juifs hongrois dans un temps record, grâce au zèle des gendarmes, pour les expédier à Auschwitz. Cette histoire fâcheuse, ensevelie par le permafrost soviétique, retrouve aujourd’hui avec le premier ministre du pays, Viktor Orban, un homme à sa mesure. Réhabilitation de l’amiral Horty, réécriture de l’histoire où la Hongrie apparaît comme victime des nazis, attaques répétées contre le milliardaire George Soros, survivant de la Shoah, on en passe et de plus drôles.
Il fallait bien ce préambule pour situer un peu sérieusement Natural Light, de Dénes Nagy. Premier long-métrage de fiction d’un réalisateur âgé de 43 ans, cette « lumière naturelle » évoquée par le titre n’est pas, comme on s’en doute, une promenade de santé. Inspiré de quelques pages, tout au plus, d’un roman de l’écrivain hongrois Pal Zavada, il se situe en 1943, quelque part en Union soviétique, où l’armée hongroise avait pour mission, après la percussion des forces nazies, de nettoyer les zones conquises des partisans qui y prolongeaient le combat. N’y parvenant qu’à grand-peine, eu égard à sa méconnaissance du terrain, la soldatesque se vengeait sur les civils. Histoire longtemps, et peut-être plus que jamais aujourd’hui, forclose en Hongrie." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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