"Dans un entretien avec le site budapestois “Valasz Online”, la spécialiste des affaires européennes et correspondante du quotidien “NRC Handesblad” à Bruxelles évoque les parallèles entre l’Autriche-Hongrie d’autrefois et l’UE d’aujourd’hui. Elle est interrogée à l’occasion de la parution en hongrois de son livre “Monde d’hier, monde de demain. Un voyage à travers l’empire des Habsbourg et l’Union européenne” [Actes Sud, 2023].
Valasz Online : La monarchie austro-hongroise était un État avec une armée unifiée et une bureaucratie, dirigée par un empereur roi qui se sentait investi par la grâce de Dieu. Quel rapport avec l’Union européenne [UE], association volontaire d’États-nations ?
Caroline de Gruyter : Le territoire de l’UE rassemble des nations très différentes toujours en désaccord, particulièrement lors d’une crise. Leurs dirigeants doivent constamment trouver des compromis. L’empire Habsbourg fonctionnait exactement de cette manière.
Un jour, on demanda au comte Eduard Taffe, ministre de la partie autrichienne de l’empire entre 1879 et 1893, quelle était son activité principale. Sa réponse ? “Fortwursteln”, c’est-à-dire bricoler sans but précis ni plan. C’est ce qu’aurait pu dire au mot près Jean-Claude Juncker, l’ancien président de la Commission européenne.
Les dirigeants d’empires avec de nombreux intérêts nationaux, régionaux, économiques et ethniques contraires passent l’essentiel de leur temps à chercher des compromis. Ils travaillent de sorte que tout le monde reste à bord du projet.
Dans l’UE, les chefs d’État et de gouvernement décident. En Autriche-Hongrie, c’était l’empereur.
Oui,
mais lui aussi devait prendre en compte les intérêts divergents !
Lorsque les Hongrois estimaient qu’ils dépensaient trop pour l’armée
commune et donnaient trop de soldats, même François-Joseph ne pouvait
pas ignorer leurs doléances. Et même si le dualisme était très critiqué
par ses contemporains, les analyses postérieures sont bien plus
compréhensives. J’ai beaucoup lu au sujet des empires ottoman, russe,
allemand et austro-hongrois." La suite sur courrierinternational.com (article payant)
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