Tribune. On se souvient que, en mars 2017, sur une proposition du parti fascisant Jobbik, approuvée par le conseil municipal de Budapest, la statue de Georg Lukacs (1885-1971) avait été enlevée du parc Szent Istvan. Tandis que le philosophe hongrois (d’origine juive) est de plus en plus souvent traité d’« assassin communiste » dans l’espace public, ses archives sont fermées et inaccessibles depuis plus d’un an. Afin d’être en mesure de continuer l’édition de textes inédits d’un des philosophes majeurs de la première partie du XXe siècle, la Fondation internationale des archives Lukacs (LANA) à Budapest vient de lancer un appel pour financer le travail en cours de chercheurs désormais privés de tout soutien institutionnel.
Conservées dans l’appartement qu’occupa Georg Lukacs jusqu’à sa mort, au 5e
étage d’un immeuble situé en bordure du Danube, les archives du
philosophe ont longtemps vivoté. Certes, l’état des vitres, proches de
la couleur sombre du fleuve, empêchait de voir le célèbre hôtel Gellert
de l’autre côté de la rive, mais les chercheurs y étaient accueillis
dans les meubles et la bibliothèque du philosophe. Entourés de ses
livres, ils pouvaient même travailler assis à son bureau. Peut-on
imaginer environnement plus propice à la réflexion sur une œuvre que le
lieu où elle a été produite ?
Ce
fut possible jusqu’à ce que, en 2012, sous le gouvernement de Viktor
Orban, élu deux ans plus tôt, les archivistes en charge du fonds soient
remerciés et les archives expédiées à la bibliothèque de l’Académie
hongroise des sciences, héritière de Lukacs. Le prétexte était flou. Il
était cependant plus ou moins question de rénovation de l’appartement.
Le fonds dispersé
Quatre
ans plus tard, en 2016, l’Académie des sciences faisait savoir qu’elle
allait disperser le fonds. Remettre en cause le principe de l’unité d’un
fonds laisse généralement entrevoir le pire. Des intellectuels s’y
étaient alors opposés et étaient parvenus à faire reculer la direction
grâce à une pétition lancée par la Fondation des archives Lukacs. Pour
peu de temps cependant.
Le 24 mai 2018, l’Académie des sciences, dont les subventions ne cessent
de diminuer, prenait la décision de ne plus rendre accessibles aux
chercheurs les archives du philosophe, interrompant les travaux de
numérisation et de recherche (par chance il existe un inventaire)." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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