« Je
n’aurais jamais imaginé parler avec quelqu’un du Jobbik sur la même
scène. Cela montre qu’on peut se rapprocher et vivre ensemble. » Ce mercredi 9 octobre, sur la scène du Trip,
un bateau amarré sur les bords du Danube au cœur de Budapest, le
célèbre metteur en scène Robert Alföldi, ouvertement gay, s’étonne
encore de s’afficher en public avec un candidat de ce parti d’extrême
droite hongrois au programme homophobe et aux pratiques longtemps
antisémites. « J’ai préféré ne pas lui poser de question sur les homosexuels »,
plaisante l’artiste après être redescendu de la scène, sur laquelle il a
animé un débat entre les représentants de six partis d’opposition, unis
pour la première fois de l’histoire de la Hongrie démocratique, en vue
des élections municipales, organisées dimanche 13 octobre.
Allant
des socialistes au centre, en passant par les Verts, et donc aussi par
l’extrême droite, cette coalition s’est donné un objectif, résumé par
son chef de file, Gergely Karacsony : « briser le mythe que Viktor Orban est invincible ».
A 44 ans, ce professeur de sciences politiques compte bien ravir au
Fidesz, la formation du premier ministre ultraconservateur, la capitale,
où vivent 1,8 million d’habitants. Lui-même est président d’un petit
parti de centre gauche et n’est pas un nouveau venu en politique :
en 2018, il était le chef de file de la gauche pour les élections
législatives. Une aventure qui s’est finie par un piètre score de
11,9 %, bien loin derrière Viktor Orban. Mais Gergely Karacsony et
l’opposition hongroise assurent avoir appris de leurs défaites
successives, et présentent des candidats communs dans la quasi-totalité
des municipalités, alors que le Fidesz contrôle actuellement 19 des 23
plus grandes villes. « Ces élections sont beaucoup plus que des municipales, le changement peut enfin avoir lieu, espère Robert Alföldi. Si on ne réussit pas cette fois, ce sera foutu pour quarante ans. »
« Le Jobbik n’est plus un parti d’extrême droite »
Au
prix de quelques contorsions, Gergely Karacsony a été désigné à l’issue
d’une primaire ayant mobilisé 67 000 Budapestois, à laquelle le
sulfureux Jobbik s’est dispensé de présenter un candidat. Le logo de ce
parti, longtemps néonazi, ne figure pas non plus sur les affiches de
campagne, mais il appelle à voter pour lui et un des 23 arrondissements
de la ville a été réservé pour un de ses candidats, qui était présent
sur la scène du Trip. « Le Jobbik n’est plus un parti d’extrême droite, les éléments radicaux sont partis »,
justifie le responsable de gauche, en s’appuyant sur le récent virage
politique de la formation. Dépouillé de son électorat par la ligne
anti-immigrés de Viktor Orban, le Jobbik se présente désormais comme un
parti « populaire national » de « centre droit ». Plusieurs membres du
parti ayant tenu des propos antisémites dans le passé sont toutefois
toujours en poste. « A Budapest, nous n’avons accepté que des candidats qui n’ont jamais tenu de propos racistes », jure M. Karacsony." La suite sur lemonde.fr (article payant)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.