"Cherchant à obtenir l’abandon des mesures liées à l’Etat de droit, les deux pays ont refusé d’engager le processus de ratification du compromis négocié de haute lutte dans l’Union, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier.
Le compte à rebours est enclenché. Et il laisse peu de temps aux Vingt-Sept pour faire en sorte que le plan de relance à 750 milliards d’euros sur lequel ils se sont entendus non sans mal le 21 juillet entre en vigueur au 1er janvier 2021.
Vendredi 25 septembre, la Pologne et la Hongrie ont pris en otage ce dispositif inédit d’aide aux pays les plus touchés par la pandémie, espérant ainsi faire valoir leurs refus d’une conditionnalité liée au respect de l’Etat de droit. A l’occasion d’une réunion entre les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l’Union européenne (UE), les deux pays ont en effet refusé de valider une décision qui aurait formellement permis de lancer le processus (indispensable) de ratification par les parlements nationaux.
Il ne s’agissait là que de donner un simple visa. Et, quand bien même Varsovie et Budapest auraient validé cette étape, rien ne les aurait empêchés, par la suite, de continuer à faire pression sur leurs partenaires européens puisqu’il suffit d’un veto de l’une des chambres législatives appelées à se prononcer – plus d’une vingtaine seront consultées – pour que tout l’édifice construit dans la douleur lors du sommet de juillet s’effondre.
Mais la Pologne et la Hongrie ont fait le choix de mettre leurs partenaires sous pression sans attendre. Leur message est clair : tant qu’ils n’en sauront pas plus sur le mécanisme qui doit conditionner le versement des aides au respect de l’Etat de droit, ils bloqueront toute avancée ; et si ce mécanisme ne leur convient pas, ils n’hésiteront pas à mettre en péril le plan de relance.
Jeu de poker menteurA l’issue du sommet du 21 juillet, le Conseil européen avait évoqué la nécessité de mettre en place un tel dispositif mais sa formulation était suffisamment alambiquée pour ne pas provoquer de rupture avec Budapest et Varsovie. Dès le lendemain, d’ailleurs, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, se félicitait que ses homologues ne soient pas parvenus à l’« éduquer ».
Pour le Parlement européen, qui doit se prononcer sur le budget communautaire de quelque 1 100 milliards d’euros (sur la période 2021-2027) que viendra abonder le plan de relance, la question de l’Etat de droit est cependant cruciale. Dans les négociations en cours avec les Etats membres, c’est d’ailleurs le point sur lequel un accord s’annonce le plus difficile.
Viktor Orban le sait et il avait prévenu, il y a déjà plusieurs semaines, qu’il serait intraitable sur le sujet. « Orban bluffe, il a besoin des fonds de cohésion de l’Europe, c’est un jeu de poker menteur », estime Valérie Hayer, eurodéputée (Renew, RE, La République en marche, LRM), qui fait partie de l’équipe de négociation." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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