"L’affaire du Watergate, l’élection puis la défaite de Jimmy Carter, le «vendeur de cacahuètes», Mai 68... Le troisième et dernier volume du journal de l’écrivain hongrois installé aux Etats-Unis vient de paraître.
L’exil et la solitude, il faut sans doute les vivre longtemps et sans rémission pour être capable d’en parler comme Sándor Márai le fait, en 1981, aux Etats-Unis, en Alceste distant et clairvoyant : «L’émigré, tel un vaisseau spatial, apprend qu’il n’existe pas de point fixe pour s’y accrocher. Il est pareillement chez lui dans la familiarité et l’étrangeté.» Dans un bus qui le conduit de Salerne à Naples, un jour de 1968, l’écrivain hongrois, alors âgé de 68 ans, est assis à côté d’un sourd-muet. Celui-ci ne cesse «de parler, d’expliquer, de discuter. C’est un sourd-muet bavard et disert. Il me demande si je suis marié en dessinant un cercle autour de l’anneau qui entoure son annulaire, et quand je lui réponds que oui, alors il lève quatre doigts en l’air, pour savoir combien d’enfants nous avons. Il me confie qu’il ne fume pas.»
Le sourd-muet signale les mauvaises odeurs qui entrent par les vitres, «sans doute compense-t-il avec l’odorat», et «il ironise sur une femme qui fume… La conversation n’est pas fatigante ; nous nous sommes compris tout de suite, dès la première minute, avec des gestes de la main, et nous bavardons avec facilité, en faisant des grimaces. […] Il n’a aucun complexe, ni sentiment d’infériorité, c’est un sourd-muet libéré et sans préjugés. Pour la première fois depuis vingt ans, durant une..." La suite sur liberation.fr (article payant)
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