"Tribune : Zsuzsanna Szelényi, ancienne députée hongroise, experte en politique étrangère
L’experte hongroise en relations internationales Zsuzsanna Szelényi analyse, dans une tribune au « Monde », les limites de la politique étrangère radicale conduite par le premier ministre hongrois, Viktor Orban.
Les dirigeants et les diplomates européens ont poussé un soupir de soulagement en février lorsque le président du Conseil européen, Charles Michel, a annoncé l’approbation unanime d’un programme d’aide à l’Ukraine, d’un montant de 50 milliards d’euros.
Cette décision, qui témoigne de la détermination de l’Union européenne (UE) à soutenir le pays déchiré par la guerre, a été prise après des semaines de tensions particulièrement vives entre le premier ministre hongrois, Viktor Orban, et ses partenaires européens. Orban avait menacé de mettre son veto au programme d’aide, ce qui avait suscité des accusations de « chantage », tandis que certains dirigeants européens évoquaient l’idée de recourir à la procédure de l’article 7 du traité sur l’Union européenne pour priver la Hongrie de ses droits de vote, en réponse à la façon dont Orban n’a cessé de saper l’action de l’UE. Mais le résultat a fini par donner satisfaction à tout le monde.
Le Conseil européen a montré qu’en restant ferme et en faisant comprendre qu’aucune autre concession ne serait faite sur le statut des fonds structurels, l’UE pouvait obtenir ce qu’elle voulait. Quant à M. Orban, il a obtenu que deux amendements soient inclus dans le texte final pour lui permettre de sauver la face.
Contestation vigoureuseLe premier prévoit que le Conseil européen discutera du rapport annuel sur l’aide et le second que la Commission européenne gérera la procédure d’Etat de droit contre la Hongrie « de manière équitable et objective ». Les médias hongrois contrôlés par le gouvernement ont présenté cela comme des victoires historiques, péniblement concédées par l’« élite bruxelloise ». « Nous avons réussi », a proclamé un article publié sur le site officiel d’Orban.
Le premier ministre hongrois, qui critique depuis longtemps l’« élite bruxelloise », s’oppose fermement à de nombreuses politiques de l’UE et conteste vigoureusement les évaluations du bilan désastreux de la Hongrie en matière d’Etat de droit. Mais pourquoi, au cours des dernières années, Viktor Orban a-t-il fait valoir ses revendications de manière aussi radicale ?
Une partie de la réponse réside dans le fait que le gouvernement hongrois fait actuellement l’objet d’une enquête dans le cadre du mécanisme de conditionnalité de l’Etat de droit de l’UE et que des dizaines de milliards de fonds structurels sont gelés jusqu’à ce qu’il se conforme aux normes démocratiques de l’UE. Le gel des fonds a placé leur statut au centre des engagements d’Orban avec l’UE.
En 2023, après plusieurs mois d’intenses négociations qui n’ont pas permis de débloquer des fonds conséquents, Orban a changé de stratégie et a commencé à employer des moyens radicaux pour contraindre la Commission européenne à faire des concessions. Le gouvernement hongrois a ainsi annoncé qu’il mettrait son veto à une éventuelle augmentation du budget et à l’aide à l’Ukraine, cruciale pour la sécurité même de l’UE." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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