Après les médias, la justice ou le monde
universitaire, Viktor Orban a décidé de s’attaquer à l’indépendance
d’une nouvelle institution hongroise : le théâtre. Lundi 9 décembre,
plusieurs milliers d’artistes et de citoyens anonymes se sont rassemblés
dans le centre de Budapest pour protester contre un projet de loi du
gouvernement du leader nationaliste magyar, destiné à renforcer la
tutelle du pouvoir sur la direction des théâtres.
Selon
une méthode bien rôdée, le texte a été présenté le matin même au
Parlement, sans aucune consultation préalable, et pourrait être adopté
dans le cadre d’une procédure d’urgence, dès le mercredi 11 décembre.
La
mesure la plus contestée concerne la nouvelle procédure de nomination
des directeurs de théâtres municipaux qui bénéficient de subventions de
l’Etat, soit la quasi-totalité d’entre eux. Dans un paysage culturel
sous pression, ces institutions sont parmi les dernières à pouvoir créer
librement sans influence du Fidesz, le parti de Viktor Orban.
Le
projet de loi prévoit que, pour continuer de recevoir des subventions
publiques, chaque mairie doive désormais conclure un accord avec le
gouvernement incluant « la façon dont la direction [des théâtres municipaux] est nommée ».
Les municipalités qui refuseraient de se soumettre à cette nouvelle
procédure devront se priver de subventions nationales, une manne
pourtant essentielle pour la plupart de ces scènes.
Cette disposition inquiète d’autant plus qu’une version initiale du texte prévoyait que le « ministre des ressources humaines »
– chargé de la culture dans un pays où ce portefeuille a été supprimé –
puisse nommer ou révoquer directement les directeurs de ces théâtres. « L’Etat ne peut pas apporter son soutien à une institution culturelle sans avoir son mot à dire sur son fonctionnement », a justifié István Hollik, porte-parole du gouvernement.
Une pétition a réuni 50 000 signatures
Cette
disposition a été retirée dans la dernière version du texte après avoir
déclenché une pétition ayant obtenu près de 50 000 signatures. Mais
l’essence de la réforme a été maintenue et justifiée par plusieurs
ministres qui ont brandi un récent scandale #metoo impliquant un des
metteurs en scène les plus en vue du théâtre József Katona de Budapest.
Cette institution phare du théâtre libre hongrois est sous tutelle de la
mairie de la capitale mais touche quatre fois plus de subventions de
l’Etat que de la municipalité.
Accusé d’avoir eu un comportement « dépassant les limites morales » à « plusieurs reprises »
avec des membres de son équipe, Peter Gothar, 72 ans, a été renvoyé en
novembre par la direction de ce théâtre, après une enquête approfondie, « menée selon les règles », affirme Anna Lengyel, représentante de l’association du théâtre indépendant qui a organisé la manifestation." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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