jeudi 8 avril 2021

La Trilogie des jumeaux de Agota Kristof


"Composée du Grand Cahier, de La Preuve et du Troisième Mensonge, La Trilogie des jumeaux d’Agota Kristof est un texte aussi choquant que troublant. Avec une écriture qui y est aussi glacée que le propos est glaçant, l’autrice nous plonge dans la violence crue de la guerre et des régimes totalitaires, à travers la voix de deux jumeaux, entité monstrueuse qui se fond et se confond, se divise et se déchire, plongeant le lecteur et la lectrice dans le mensonge comme essence de la littérature. Car au-delà d’une représentation brutale de la guerre, La Trilogie des jumeaux questionne la littérature et l’écriture, ainsi que leur capacité à traduire la vérité. Cette vérité, l’autrice y tendra à travers le mensonge, celui de la fiction qu’elle poussera dans ses extrêmes, tissant un texte de différents brins de vérités multiples qui prendront un sens multiple et symbolique. Un texte essentiel !

La Trilogie des jumeaux se déroule dans un même pays qui ne sera pas nommé, de même que la Petite Ville dans laquelle les personnages vont grandir ni la Grande Ville d’où ils viennent. Le premier volume, Le Grand Cahier, raconte l’enfance des jumeaux qui sont confiés par leur mère à leur grand-mère, Grand-Mère pour eux, la Sorcière pour les voisins, une femme sèche et acariâtre qui leur mènera la vie dure. Les jumeaux, qui ne sont pas nommés dans le récit, vont alors devoir faire face à l’hostilité du monde en se fondant en un « nous », le nous narrateur qui fusionne les deux enfants en une seule et unique unité, une seule et unique voix. Cette voix porte en elle le style de l’autrice, justifié dans le chapitre consacré aux études des jumeaux, dans lequel ils décident que leurs productions écrites doivent se rapprocher au plus près de la vérité :

Pour décider ce qui est « Bien » ou « Pas bien », nous avons une règle très simple : la composition doit être vraie. Nous devons décrire ce qui est, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons.
Par exemple, il est interdit d’écrire : « Grand-Mère ressemble à une sorcière » ; mais il est permis d’écrire : « Les gens appellent Grand-Mère la Sorcière ».
Il est interdit d’écrire « La Petite Ville est belle », car La Petite Ville peut être belle pour nous et laide pour quelqu’un d’autre." La suite sur textualites.wordpress.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.