samedi 24 avril 2021

Serge Joncour : "Dès la frontière hongroise, on voyage dans le temps"

"L'écrivain Serge Joncour, auteur d’une dizaine de romans, a reçu le prix Femina en 2020 pour Nature humaine (éd. Flammarion). Il ne prend plus l’avion depuis trente ans, mais n’a pas perdu le goût du voyage, l’Europe constituant pour lui «un territoire d’exploration infini». Il se rend régulièrement en Hongrie, un pays qui le fascine.

GEO : Puisque vous ne prenez plus l’avion, comment vous rendez-vous en Hongrie ?

Serge Joncour : En train depuis Paris car, pour moi, le voyage compte autant que le séjour. Je passe la nuit à l’hôtel à Munich, ville dont la gare, remplie de restaurants et donc d’odeurs de cuisine, est un monde en soi. Je repars au matin, dans ce qui était, jusqu’à il y a dix ans environ, un vieux train avec un restaurant extraordinaire. Un TGV autrichien l’a remplacé mais il ne roule pas à grande vitesse sur cette ligne et il faut sept heures pour arriver à destination. Parcourir Paris-Budapest sur les rails permet de comprendre quelque chose de l’Europe. On longe la chaîne blanche des Alpes, la Forêt-Noire, puis le Danube et on en prend plein les yeux. Dès la première gare hongroise, à Hegyeshalom, aux quais déserts et hors d’âge, on est immédiatement dépaysé. On passe de maisons autrichiennes parfaitement alignées et bien tenues à la campagne avec des carrioles tirées par des mules. En quelques poignées de kilomètres, on fait un bond en arrière de plusieurs décennies. A chaque arrêt du train dans les gares, une voix métallique venue de haut-parleurs très puissants délivre des annonces interminables en hongrois. Cette langue – rugueuse, anguleuse et incompréhensible –, c’est ce qui vous attrape en premier, avant même d’arriver à Budapest." La suite sur geo.fr

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