mardi 29 mars 2022

La Hongrie et l’UE face au risque d’une nouvelle victoire électorale de Viktor Orban

 Le premier ministre hongrois semble en mesure de briguer un quatrième mandat à la tête de son pays malgré une opposition unie contre lui. Mais cette possible nouvelle victoire nationale ne signifie pas pour autant un renforcement de ses positions « illibérales » en Europe. 

Analyse. L’Union européenne et la Hongrie vont-elles devoir composer quatre ans de plus avec Viktor Orban ? Tel est l’enjeu central des élections législatives organisées, dimanche 3 avril, dans ce pays d’Europe centrale, après douze ans de pouvoir du leader nationaliste marqués par les pires reculs démocratiques depuis 1989. Au pouvoir depuis 2010, le fondateur et président du Fidesz, une formation qui a basculé à l’extrême droite, s’apprête, certes, à 58 ans, à vivre des élections très serrées. Pour la première fois en douze ans, la quasi-totalité de l’opposition s’est alignée derrière un candidat unique pour essayer de le renverser.

A l’issue de primaires ayant réuni six partis, plus de 800 000 électeurs ont désigné Peter Marki-Zay, 49 ans, maire profondément catholique d’une petite ville de province. Son conservatisme doit permettre de débaucher des électeurs traditionnels du Fidesz écœurés par la corruption, et de « mettre fin à l’illibéralisme », le concept flou derrière lequel M. Orban a justifié tous ses reculs démocratiques.

M. Marki-Zay promet ainsi de réconcilier la Hongrie avec l’UE, d’adopter l’euro, d’adhérer au parquet européen pour qu’il puisse enquêter sur l’enrichissement suspect des proches de M. Orban, et de s’aligner sur les positions de l’OTAN dans le conflit ukrainien. « L’Ouest plutôt que l’Est », martèle-t-il, alors que le premier ministre sortant, admirateur de Poutine, entretient l’ambiguïté sur la guerre en Ukraine, défendant une forme de neutralité qui ne dit pas son nom. « Viktor, sais-tu ce qui est en train de se passer à Marioupol ?  », l’a interpellé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en plein Conseil européen jeudi 24 mars, en demandant à la Hongrie de « décider une fois pour toutes avec qui vous êtes ».

Débat refusé

« Viktor » sait sûrement ce qu’il se passe dans cette ville assiégée du bord de la mer d’Azov, mais il s’arrange pour que ses électeurs, eux, ne le sachent pas trop, vu la couverture très distanciée du conflit par ses médias d’Etat. Profitant d’un réflexe légitimiste propre aux situations de guerre, le premier ministre a même grappillé quelques points dans l’opinion à la faveur du conflit en Ukraine. Laissant suggérer que le cocktail de l’opposition semble de moins en moins gagnant à mesure que le scrutin approche.

Pas un sondage ne donne la coalition de six partis vainqueure, alors que, en vertu du complexe mode de scrutin hongrois, les experts estiment qu’il faudrait au moins deux ou trois points d’avance à M. Marki-Zay pour être sûr d’emporter la majorité. Volontiers provocateur, l’opposant multiplie les gaffes, reprises en boucle par la puissante machine médiatique aux ordres du pouvoir. Très disparate, sa coalition a perdu des mois à se disputer sur son programme et sur la répartition des sièges plutôt qu’à combattre Viktor Orban." La suite sur lemonde.fr (article payant)

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