"Dans les villages proches de la frontière ukrainienne, un remarquable élan de solidarité s’est créé face aux vagues de déplacés bousculant cette région isolée. Le magazine “Magyar Hang” a recueilli les témoignages de ceux qui ont dû quitter leur pays et de ceux qui les accueillent aujourd’hui.
En trois jours, nous avons rencontré trois déserteurs dans la région de Bereg, frontalière de l’Ukraine. Nous ne révélerons pas dans combien de localités et certainement pas desquelles il s’agit. “Que le SBU lise la presse hongroise”, assène l’un d’entre eux se référant aux services secrets de Kiev. Débarqués de Transcarpatie, ces hommes et leurs parcours n’avaient rien en commun.
L’un a marché deux heures et demie avec sa valise à roulettes avant de tomber sur notre chemin. Gilet fluorescent et allure de retraité, nous le pensions exempté de la mobilisation générale concernant les hommes de 18 à 60 ans. Il affirme devoir sa liberté à son passeport hongrois. Le second, la vingtaine, croisé dans le salon d’une maison de campagne typique, loue la “chance divine”. Mais il semble plus probable que le douanier l’ayant laissé circuler n’ait pas pensé que ce jeune souriant, au visage enfantin, puisse être majeur.
Le troisième, tenue de camouflage de la tête aux pieds, répète que “ce n’est pas notre guerre” comme ses deux camarades. Nous l’appellerons Laszlo.
“J’étais soldat et j’ai quitté l’armée avec le grade de sergent de première classe. Mes vingt-cinq mois de service militaire n’ont servi à rien et ne m’ont rien appris. Nous servions juste de main-d’œuvre gratuite à portée de main.”
Laszlo et d’autres habitants de son village ont néanmoins décidé en moins d’une demi-heure de rejoindre la Hongrie. Ils ont amené avec eux une couverture et des vêtements de rechange pour assister à la messe du dimanche. Ils cherchent désormais un travail pour renflouer leurs caisses, et parce qu’il faut bien s’occuper.
Les cocktails Molotov n’arrêteront pas Poutine“Les premiers jours, on espérait que ce serait une guerre éclair et que des milliers d’innocents ne mourraient pas. Mais maintenant, nous sommes dépités.” Laszlo clame qu’il n’est ni politicien ni expert. Il ne sait pas comment régler le conflit mais se dit sûr de deux choses. Premièrement : les cocktails Molotov n’arrêteront pas Poutine. Deuxièmement : il faut faire cesser le carnage.
“Si la terreur disparaissait, on rentrerait immédiatement chez nous”, affirme Laszlo. En Transcarpatie, ceux qui sont restés au village racontent qu’ils ne voient plus personne dans les rues. Toutefois, Laszlo se sent aussi à la maison en Hongrie. Son arrière-grand-père vient de la bourgade où il s’est réfugié, et nous discutons sous une carte de la Grande Hongrie (qui intégrait notamment la Transcarpatie jusqu’au traité de Trianon, en 1920).
“Mon grand-père parlait constamment de révision des frontières, et je ne comprenais pas pourquoi. J’ignore si celle-ci se produira un jour”, soupire-t-il. Laszlo ne sait pas non plus dans quel état il reverra sa maison s’il retourne en Ukraine.
“La maison nous manque”
La suite sur courrierinternational.com (article payant)
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