mercredi 9 décembre 2020

Chronique - Marion Van Renterghem : Orban, Macron et l'Etat de droit

"Face à la Pologne et la Hongrie, les démocraties libérales doivent être exemplaires - la France en tête.

A la suite de l'une de mes précédentes chroniques, l'ambassadeur de Hongrie en France m'a fait l'honneur de m'écrire. Par souci d'élégance, sans doute, il précisait que sa lettre avait aussi été adressée au propriétaire de L'Express, Alain Weill - lequel bien sûr ne me l'a jamais fait savoir, en vertu du principe de liberté journalistique prévalant dans tout média qui se respecte. Cette chronique du 15 octobre intitulée "Londres, Budapest et le champ de bonbons" relevait un trait de caractère commun à Boris Johnson et à Viktor Orban : le syndrome de l'enfant gâté. Selon une conception revisitée de la solidarité à sens unique, l'un et l'autre tentent d'imposer leur utilisation de l'Union européenne "à la carte" : le Britannique veut la quitter en en gardant tous les avantages, quand le Hongrois veut y rester sans en respecter les valeurs, l'esprit de ses lois, l'Etat de droit. Pour Georges Karolyi, un tel constat revient à "insulter la Hongrie" : "Toutes ces valeurs sont parfaitement respectées par notre pays, mais nous nous réservons le droit de ne pas donner à certains de ces grands principes la même interprétation que vous", écrit-il. Alors que la procédure dite "article 7" visant à sanctionner les pays ne respectant pas ces fondamentaux de l'UE a été enclenchée contre son pays en 2018, l'ambassadeur veut nous convaincre que "ce que l'on reproche véritablement à la Hongrie sans avoir le courage de l'avouer, c'est sa position à l'égard des grands enjeux sociétaux de notre époque : la nation, les frontières, la migration, la famille, le mariage, la vie humaine, toutes attitudes qui ne menacent en rien l'Etat de droit ni la démocratie".  Cet argumentaire officiel du gouvernement de Budapest, lui ai-je répondu, vise à esquiver ce que l'Union européenne reproche précisément à la politique de Viktor Orban. Ce qui est en question au regard des traités de l'UE, ce sont les piliers de la démocratie libérale et parlementaire. Et au premier chef, outre les droits des minorités et leur protection contre les discriminations, le respect de la séparation des pouvoirs. Indépendance de la justice, liberté des médias : deux exigences démocratiques mises à mal par un Premier ministre hongrois qui a su habilement et légalement s'assurer une popularité et des réélections successives par un contrôle croissant de l'exécutif sur le judiciaire, et grâce à la propagande de médias aux ordres." La suite sur lexpress.fr (article payant)

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