"Pour l’ONG anticorruption hongroise K-Monitor, cet enrichissement peut expliquer son refus de conditionner le plan de relance au respect de l’Etat de droit.
Au premier abord, Felcsut, à une demi-heure de route de Budapest, est comme n’importe lequel de ces villages hongrois avec ses maisons soigneusement entretenues. Mais, depuis 2010, ses 1 800 habitants ont la chance d’être particulièrement choyés par les proches de Viktor Orban. Avec son stade de 4 500 places, son académie de football et bientôt son lac artificiel, le village natal du premier ministre nationaliste est en effet devenu le symbole de l’enrichissement spectaculaire de son entourage sur fonds européens.
Et nul doute que Felcsut viendra à l’esprit de nombreux dirigeants, à l’occasion du Conseil européen, jeudi 10 décembre, à Bruxelles, lorsqu’il s’agira de négocier avec la Hongrie et la Pologne pour qu’elles lèvent leur veto au projet de budget et au plan de relance de l’Union européenne (UE), qui prévoient de suspendre les fonds européens aux pays violant l’Etat de droit.
« Je suis à peu près sûr que c’est une des raisons qui expliquent le veto d’Orban », assure Sandor Lederer, directeur de l’ONG anticorruption K-Monitor, qui s’est intéressée, ces dernières années, aux opérations immobilières des proches du « maître de Budapest » dans ce village. « Chaque fois que je vais randonner dans ce coin, je vais jeter un coup d’œil. Jamais je n’aurais attendu ça dans le village du premier ministre, on dirait Ceausescu [l’ex-dictateur roumain] », dit-il, notamment au sujet du stade démesuré construit juste à côté de la modeste demeure que possède officiellement le premier ministre, grand fan de foot.
Si celle-ci ne fait que 63 mètres carrés, ce n’est pas le cas du grand manoir Habsbourg, appartenant au père de Viktor Orban, actuellement en cours de rénovation, à quelques kilomètres. Début décembre, des images par drone, diffusées par le site Atlatszo, ont montré un gigantesque chantier qui « n’est certainement pas celui d’une petite maison de vacances familiale », comme le résument les journalistes.
Agé
de 80 ans, Gyozo Orban a fait fortune en exploitant une carrière de
dolomie, située à une vingtaine de kilomètres de là, et il fournit
désormais aussi des pierres concassées ou du béton à des chantiers de
construction dans tout le pays. « Or, la plupart de ces chantiers sont financés au moins en partie par l’Union européenne », rappelle Andras Petho, directeur du site d’investigation Direkt36,
qui a suivi les camions sortant de la carrière et épluché près de
100 000 pages de documents pour le prouver. L’entreprise de M. Orban
père n’apparaît en effet jamais en première ligne dans les appels
d’offres, conformément à la requête exprimée par son fils en 2001, lors
de son premier mandat à la tête de la Hongrie, de se tenir à distance
des « projets publics ». « Elle est pourtant une des plus profitables du secteur », a calculé M. Petho." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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