lundi 2 mai 2022

György Tverdota, Des « intellectuels librement attachés » à la « trahison des clercs ». Le cas de Attila József 8 juin 2022 à 19 h 30 Institut Liszt Paris

Institut Liszt Paris 92 Rue Bonaparte, 75006 Paris

 György Tverdota

György Tverdota est chercheur et professeur émérite, auteur de nombreux ouvrages en hongrois et en français sur la littérature hongroise du 20e siècle. Il était professeur associé à la Sorbonne Nouvelle Paris III, directeur-adjoint du Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises, rédacteur en chef des Cahiers d’Études Hongroises entre 1991 et 1994 et professeur à l’Université ELTE entre 2003 et 2018.

Enseignants, savants, poètes, prêtres, médecins, ingénieurs, étudiants diplômés ou doctorants : tous ou toutes font partie de ce qu’on appelle l’« intellectuel », cette figure majeure de la société du 20e siècle, figure « librement attachée » (ou non), selon le concept de K. Mannheim, dont un des traits les plus caractéristiques, selon le livre bien connu de J. Benda, est sa « trahison ». Lors de ma conférence, je voudrais énumérer quelques dilemmes importants par rapport à cette élite de la société moderne, ces « clercs » ou ces « intellectuels », en rappelant le cas du poète hongrois Attila József, né en 1905 et décédé en 1937, dont j'étudie depuis plusieurs dizaines d’années la carrière et l'œuvre. Son destin tragique, son suicide à un jeune âge de 33 ans, indique la gravité de ces dilemmes.

Dans le sillage de J. Benda, certains intellectuels hongrois, comme M. Babits – qui a consacré un célèbre article aux thèses de Benda - optaient pour défendre les valeurs universelles. D’autres poètes et intellectuels, comme Attila József, pensaient qu'en tant que membre d'une nation pauvre et tragique, l'intelligentsia devait s'engager à réformer la société. C'est la raison pour laquelle József a choisi de devenir un « poète prolétaire ». Cependant, dans le mouvement ouvrier, il ne fut pas accepté, et, qui plus est, il est devenu de plus en plus critique à l'égard de sa communauté d'élection, passant d'un marxiste orthodoxe à un marxisme qui acceptait les enseignements de Marx librement et de manière critique. Alors que les intellectuels du marxisme orthodoxe étaient occupés à construire leur propre pouvoir de classe avec des prérogatives dans la redistribution des richesses, il a cherché bien autre chose : « Je ne vais pas aux bistrots d’aujourd’hui, / Mais à la raison et plus loin ! » (Ars poetica). Sa vie, son destin, ses œuvres valent la peine d’être interrogés de ce point de vue. Était-il un intellectuel ? Pouvait-il l’être ou même avait-il envie de l’être ? Qu’en pensait-il des « clercs » ? Et quelles sont les conséquences que nous pouvons tirer de sa vie tragique et des œuvres magnifiques ?

Entrée libre
Réservation obligatoire : reservation@instituthongrois.fr
01 43 26 06 44

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