Institut Liszt Paris 92 Rue Bonaparte, 75006 Paris
György Tverdota est chercheur et professeur émérite, auteur de nombreux ouvrages en hongrois et en français sur la littérature hongroise du 20e siècle. Il était professeur associé à la Sorbonne Nouvelle Paris III, directeur-adjoint du Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises, rédacteur en chef des Cahiers d’Études Hongroises entre 1991 et 1994 et professeur à l’Université ELTE entre 2003 et 2018.
Enseignants,
savants, poètes, prêtres, médecins, ingénieurs, étudiants diplômés ou
doctorants : tous ou toutes font partie de ce qu’on appelle l’«
intellectuel », cette figure majeure de la société du 20e siècle, figure
« librement attachée » (ou non), selon le concept de K. Mannheim, dont
un des traits les plus caractéristiques, selon le livre bien connu de J.
Benda, est sa « trahison ». Lors de ma conférence, je voudrais énumérer
quelques dilemmes importants par rapport à cette élite de la société
moderne, ces « clercs » ou ces « intellectuels », en rappelant le cas du
poète hongrois Attila József, né en 1905 et décédé en 1937, dont
j'étudie depuis plusieurs dizaines d’années la carrière et l'œuvre. Son
destin tragique, son suicide à un jeune âge de 33 ans, indique la
gravité de ces dilemmes.
Dans le sillage de J. Benda, certains
intellectuels hongrois, comme M. Babits – qui a consacré un célèbre
article aux thèses de Benda - optaient pour défendre les valeurs
universelles. D’autres poètes et intellectuels, comme Attila József,
pensaient qu'en tant que membre d'une nation pauvre et tragique,
l'intelligentsia devait s'engager à réformer la société. C'est la raison
pour laquelle József a choisi de devenir un « poète prolétaire ».
Cependant, dans le mouvement ouvrier, il ne fut pas accepté, et, qui
plus est, il est devenu de plus en plus critique à l'égard de sa
communauté d'élection, passant d'un marxiste orthodoxe à un marxisme qui
acceptait les enseignements de Marx librement et de manière critique.
Alors que les intellectuels du marxisme orthodoxe étaient occupés à
construire leur propre pouvoir de classe avec des prérogatives dans la
redistribution des richesses, il a cherché bien autre chose : « Je ne
vais pas aux bistrots d’aujourd’hui, / Mais à la raison et plus loin ! »
(Ars poetica). Sa vie, son destin, ses œuvres valent la peine d’être
interrogés de ce point de vue. Était-il un intellectuel ? Pouvait-il
l’être ou même avait-il envie de l’être ? Qu’en pensait-il des « clercs »
? Et quelles sont les conséquences que nous pouvons tirer de sa vie
tragique et des œuvres magnifiques ?
Entrée libre
Réservation obligatoire : reservation@instituthongrois.fr
01 43 26 06 44
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