"Oliver Varhelyi, fidèle de Viktor Orban, conditionne le versement de ces fonds à une révision des manuels scolaires palestiniens, rituellement accusés par les lobbys pro-israéliens d’inciter à la violence.
Depuis septembre 2021, le département de cancérologie de l’hôpital Augusta-Victoria de Jérusalem-Est fonctionne au ralenti. A court d’argent, l’établissement bâti sur le mont des Oliviers, l’un des principaux centres de soin des territoires occupés, ne peut plus recevoir de nouveaux malades du cancer. Au total, près de 500 Palestiniens en attente d’une chimiothérapie ou d’un autre type de traitement ont été refusés. Les plus chanceux sont pris en charge dans des hôpitaux de Cisjordanie, moins spécialisés, comme à Bethléem ou Naplouse. Les autres patientent à leur domicile, alors que leur état s’aggrave.
« Beaucoup de ces malades n’ont pas reçu leur traitement à temps, ou pas du tout, puisque la situation est difficile dans tous les hôpitaux des territoires, pas seulement chez nous, déplore Fadi Al-Atrash, directeur exécutif d’Augusta-Victoria. Des vies sont mises en danger : des malades peuvent nous arriver tard avec des formes de cancer plus sévères, certains peuvent mourir. »
L’une des causes de ce drame se trouve à plusieurs milliers de kilomètres de Jérusalem-Est, à Bruxelles, dans un bureau du neuvième étage du siège de la Commission européenne : celui du Hongrois Oliver Varhelyi, commissaire au voisinage et à l’élargissement, chargé, à ce titre, de la politique de coopération internationale des Vingt-Sept.
Depuis décembre, ce fidèle du nationaliste Viktor Orban, premier ministre de Hongrie et chantre de l’« illibéralisme », tient en otage, quasiment à lui tout seul, l’aide européenne à la Palestine. En décidant, contre l’avis d’une majorité des Etats membres, de conditionner le versement d’une partie de cette manne à une révision des manuels scolaires palestiniens, rituellement accusés par les lobbys pro-israéliens d’inciter à la violence, Oliver Varhelyi a créé un imbroglio politico-institutionnel qui a, de facto, bloqué la totalité de cette aide : 215 millions d’euros.
« Un scandale absolu »Le gel des financements de l’Union européenne (UE), qui s’ajoute au non-rétablissement des subsides américains interrompus du temps de Donald Trump et à l’assèchement des subventions des pays arabes, a des conséquences très concrètes. Il contribue à une baisse de 20 % des salaires des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne (AP) depuis novembre, prive 120 000 familles pauvres d’une allocation trimestrielle et déstabilise tout le secteur hospitalier de Jérusalem-Est, destinataire de 10 à 20 millions d’euros sur l’enveloppe de 215 millions.
« Cette affaire est un scandale absolu, Varhelyi pousse l’agenda pro-israélien de la Hongrie sans le moindre scrupule, s’indigne un diplomate d’un pays membre de l’UE, en référence à la proximité entre Orban et l’ex-premier ministre de l’Etat hébreu Benyamin Nétanyahou. Il n’est pas concevable de laisser la Commission prendre une décision contraire à la ligne du conseil des ministres des affaires étrangères. » Le service de presse de l’UE n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien avec un responsable de la direction générale au voisinage et à l’élargissement (la « DG Near », dans le jargon bruxellois)." La suite sur lemonde.fr (article payant)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.