ResMusica : Jean-Efflam Bavouzet, malgré un répertoire large, on vous connait avant tout par vos enregistrements de Debussy pour Chandos. Comment êtes-vous arrivé à ce compositeur ?
Jean-Efflam Bavouzet : Mon nom est en effet associé à Debussy, alors que c’est une découverte tardive pour moi. J’y suis arrivé par Pierre Sancan, Grand Prix de Rome
de composition, élève d’Yves Nat et de Henri Bussère, ce dernier qui a
très bien connu Debussy. Sancan m’a enseigné beaucoup, mais surtout
Debussy, qui contrairement à Ravel m’attirait moins alors, par cette
musique trop énigmatique pour moi.
Quelques années plus tard, au Japon,
j’ai enregistré un premier disque de ce compositeur, alors que dans le
même temps, je me suis mis à écouter énormément Pelléas. Je me
souviens comme si c’était hier m’être effondré en larmes en entendant
cet opéra, et pendant les trois années suivantes, écouter une note de
Debussy me mettait en transe. Aucun autre compositeur ne m’a plus jamais
donné cette sensation. Donc, lorsque la collaboration avec Chandos
s’est annoncée, j’étais en plein dedans et ai proposé tout de suite un
cycle de ces pièces pour piano.
« Écouter une note de Debussy me mettait en transe. Aucun autre compositeur ne m’a plus jamais donné cette sensation. »
RM : Vous avez aussi gravé l’intégrale des Concertos pour piano de Prokofiev et de Bartók – Clef ResMusica – , dans les deux cas avec Noseda ?
JEB : Quasiment jusqu’à
l’âge de 30 ans, je jouais principalement Bartók, je suis d’ailleurs
marié à une hongroise et mes enfants parlent couramment le hongrois. Je
suis donc plongé dans cette culture depuis 40 ans, ce qui est très
important pour jouer cet artiste, car peu de compositeurs sont aussi
marqués par la tradition. Sur le plan musical pur, mon parcours s’est
aussi vraiment déterminé grâce aux rencontres avec des musiciens
hongrois, en particulier Zoltán Kocsis, avec lequel j’ai fait en 1995 une douzaine de concerts à deux pianos, intégrant la Sonate de Bartók ainsi que des transcriptions du pianiste, les Images, de Bartók toujours, ou La Valse
de Ravel. Dans cette pièce particulièrement, Kocsis pulvérise la forme
et la virtuosité pour en faire une œuvre énorme. Il m’a alors inoculé le
virus des transcriptions, ainsi que l’attrait du jeu à deux pianos." La suite sur resmusica.com
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