samedi 24 octobre 2020

En Hongrie, Viktor Orban confronté à la fronde des étudiants

"Des milliers de personnes ont défilé à Budapest vendredi pour soutenir les élèves de l’université de théâtre et de cinéma, mobilisés depuis cinquante-trois jours. Cet établissement-phare de la culture hongroise est menacé de reprise en main par le pouvoir. 

Combien étaient-ils vendredi 23 octobre dans les rues de Budapest ? « Au moins 20 000. » L’estimation est d’une conseillère de Viktor Orban, Zsuzsa Hegedus, qui a discrètement passé une tête sur les bords du Danube pour voir la foule d’une jeunesse impressionnante défiler pour demander au premier ministre hongrois de préserver l’autonomie de l’université de théâtre et de cinéma (SZFE en hongrois). « C’est un grand succès pour les étudiants, assure cette proche du chef du gouvernement. Il faut qu’il donne l’ordre au ministre de l’éducation de prendre rendez-vous avec eux, sinon il va y avoir une mobilisation de plus en plus importante. Ils se battent pour leur liberté académique et ils ont raison. »

Dans la Hongrie de Viktor Orban, il est extrêmement rare qu’un officiel rompe ainsi avec l’unanimité qui règne d’habitude dans les arcanes du pouvoir. Cet exploit est à mettre au compte des 300 étudiants environ qui occupent depuis cinquante-trois jours cet établissement-phare de la culture hongroise pour protester contre leur mise sous tutelle.

Vendredi, ils ont de nouveau réussi à prouver qu’ils bénéficient d’un large soutien à l’occasion des commémorations de la révolution de 1956. Au cri de « Pays libre, université libre », les milliers de protestataires ont défilé en plein cœur de la capitale en multipliant les références à ce mouvement antisoviétique qui avait été brutalement réprimé par Moscou. « Monsieur le premier ministre, la majorité a voté pour vous en toute confiance (…) mais il serait important de ne pas quitter des yeux le pays que vous vous êtes engagé à servir », a lancé, sous les applaudissements, Noémi Vilmos, étudiante en mise en scène.

Le pouvoir alterne entre la carotte et le bâton

Étudiants d’autres universités, syndicats, médecins ont ensuite successivement apporté leur soutien aux protestataires qui se relaient jour et nuit pour empêcher leur nouveau chancelier, Gabor Szarka, de s’installer dans leurs locaux. Ce militaire a été choisi par la fondation qui a officiellement récupéré la tutelle de la SZFE début septembre et qui est présidée par le directeur du Théâtre national de Budapest, Attila Vidnyanszky. Admirateur de M. Orban, ce dernier est honni des manifestants et des artistes indépendants.

« Nous avons pu empêcher le chancelier de rentrer. Il a ensuite essayé de changer les serrures, de couper Internet, mais nous sommes en permanence 150 dans les locaux à nous relayer toutes les deux heures », raconte, cernes autour des yeux, Nora Aujeszky, une étudiante en production télévisée. « Nous sommes fatigués, mais nous bénéficions d’une solidarité énorme », salue-t-elle, alors que les protestataires sont alimentés par de nombreux dons spontanés des Budapestois. « Nous sommes derrière eux car nous ne sommes pas d’accord qu’on transforme une école de façon dictatoriale », explique Katalin Nagy, retraitée de 62 ans venue participer à la manifestation." La suite sur lemonde.fr (article payant)

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