mardi 26 avril 2022

De Budapest à Varsovie, le silence et l’embarras des gouvernements populistes d’Europe centrale

"Le Hongrois Viktor Orban espérait qu’une victoire de Marine Le Pen lui permettrait de refonder une droite européenne souverainiste.

En allant inaugurer le salon hongrois de la formation professionnelle de Budapest, lundi 25 avril, Viktor Orban n’a pas eu le temps de commenter les résultats des élections françaises, où son alliée, Marine Le Pen, a essuyé une défaite dans les urnes, la veille. « Les forces nationales ont remporté les élections législatives il y a trois semaines avec un soutien sans précédent », a seulement vanté le premier ministre nationaliste, mais c’était au sujet de sa propre réélection, écrasante, le 3 avril. La quasi-totalité des chefs d’Etat et de gouvernement européens, y compris ses alliés polonais, ont pourtant félicité M. Macron dès dimanche soir.

Ce silence n’est pas une surprise. M. Macron a utilisé le souverainiste hongrois comme épouvantail pendant toute la campagne et il n’a toujours pas, lui non plus, félicité M. Orban pour sa réélection. Mais, surtout, la défaite de Marine Le Pen contrarie tous les plans de refonte des droites et les espoirs de chamboulement de l’Union européenne que le chef de gouvernement hongrois partageait avec ses alliés ultraconservateurs au pouvoir à Varsovie. « Le camp souverainiste est devenu une force incontournable de la politique européenne et, nous aussi, nous voulons voir une Europe des Etats-nations », avait espéré M. Orban lors de la visite de Mme Le Pen à Budapest, en octobre. Une banque hongroise appartenant en partie à son ami d’enfance, la MKB, a par la suite financé la campagne de la candidate d’extrême droite.

Mauvais investissements politiques

Sans Marine Le Pen à l’Elysée, ces espoirs semblent désormais bien vains. D’autant que cet échec intervient dans un contexte diplomatique compliqué pour M. Orban, de plus en plus isolé au sein même de cette Europe centrale dont il se rêve pourtant comme le principal leader. Dimanche, son allié slovène, le premier ministre ultraconservateur Janez Jansa, a lui aussi subi une sévère défaite aux élections législatives organisées dans ce petit pays des Balkans, après avoir pourtant fait campagne avec le soutien financier ouvert de la Hongrie. « Le Pen comme Jansa n’ont visiblement pas été un bon investissement politique », a raillé lundi matin le titre conservateur Valasz Online.

En octobre, le premier ministre populiste tchèque Andrej Babis avait subi le même sort, après avoir affiché sa proximité avec M. Orban. Et les relations avec la Pologne sont au plus bas depuis le conflit en Ukraine, sur lequel la Hongrie maintient une position ambiguë et distante par rapport à Kiev. Depuis plusieurs semaines, plus aucune rencontre du groupe de Visegrad, cet ensemble qui réunit la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, n’a eu lieu en raison des profondes divergences sur la question des livraisons d’armes à Kiev, catégoriquement refusées par la Hongrie. Résultat : depuis sa réélection, M. Orban a jusqu’ici effectué un seul et unique voyage à l’étranger. C’était au Vatican, où il a rencontré le pape, puis le leader de l’extrême droite italienne Matteo Salvini, lui-même en pleine pente politique descendante." La suite sur lemonde.fr (article payant)

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