samedi 9 avril 2022

Interview Béla Tarr: «Un cinéaste n’est pas un juge»

"Trois films rares des débuts du cinéaste hongrois, auteur du monument «Sátántangó», sont ressortis mercredi. Pour «Libération», il revient sur sa méthode de travail, sa recherche d’une vérité crue régie à l’époque par la colère et la frustration.

Comptant parmi les trois films du metteur en scène hongrois Béla Tarr qui ressortent ce mercredi, l’Outsider (1981) permet d’approcher l’une des expériences les plus extrêmes qui soient : celle du drogué. Ainsi, un protagoniste promène dans quelques plans, pas beaucoup, un mélange très particulier de douceur, d’action enfantine et d’attention aux autres, à un degré d’intensité qui le rend littéralement palpable. Il évolue avec un léger ralenti, comme nimbé de forces invisibles – le bien-être, l’abstraction, la pulsion de mort – qui étouffaient chacun de ces gestes.

Si Béla Tarr s’est gagné depuis longtemps une stature démiurgique grâce au Tango de Satan (Sátántangó, primé à Berlin en 1994, 7 heures 30 dans les plaines hongroises) et à une manière reconnaissable entre mille, avec de longs plans-séquences à visée cosmique, peu connaissent la première manière du cinéaste : ni l’Outsider, ni le Nid familial qui l’a précédé (Damnation est le troisième film à ressortir) ne doivent pourtant être vu comme des passerelles vers les monuments à venir mais bien comme des œuvres en soi, autrement agitées et dominées par la frustration et la colère, où le réalisateur prend le risque d’un déséquilibre qu’il écartera ensuite. Désormais âgé de 66 ans et ayant pris sa retraite de cinéaste en 2011, il devait venir les présenter cette semaine à Paris et être honoré à la Cinémathèque qui lui consacre une rétrospective. Malade, il a dû décliner. C’est donc…" La suite sur liberation.fr (article payant)

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