"Des milliers de jeunes manifestants sont descendus dans la rue pour protester contre le licenciement de cinq enseignants du lycée Ferenc-Kölcsey. Leur faute : avoir contourné un droit de grève devenu impossible à exercer.
Elle ne peut plus se déplacer dans les rues de Budapest sans que les Hongrois lui expriment leur soutien. A 53 ans, Katalin Törley vient de perdre le poste de professeure de français qu’elle occupait depuis vingt-trois ans au lycée Ferenc-Kölcsey, un magnifique établissement très réputé du centre de la capitale magyare qui délivre un baccalauréat bilingue franco-hongrois. Son brutal licenciement, survenu le 5 octobre, a créé un tel choc en Hongrie qu’elle est devenue l’une des principales figures de la fronde qui secoue, depuis plusieurs mois, le système éducatif hongrois contre le premier ministre, Viktor Orban.
Sa faute et celle des quatre autres professeurs du même lycée qui ont été, comme elle, congédiés ? Avoir coordonné un mouvement de « désobéissance civile », la seule façon de contourner un droit de grève récemment réduit à la portion congrue. Ils ont organisé des débrayages sauvages pour demander des hausses de salaire et davantage de liberté pédagogique face aux pressions idéologiques du pouvoir.
« On s’est mis en position de cible, c’est incontestable », lâche Katalin Törley, avec une certaine satisfaction. Joviale, lunettes sur la tête, elle enseignait la langue de Molière dans ce lycée qu’elle a fréquenté pendant sa jeunesse et dont elle revendique « l’esprit de liberté ». « Nous, les professeurs de français, sommes particulièrement actifs, constate-t-elle. Peut-être parce qu’on sait quelles sont les réactions en France dès qu’on touche au système scolaire. »
Cette militante aguerrie, qui s’occupe à mi-temps de soutien scolaire aux jeunes Roms, n’en est pas à son coup d’essai. Dès 2016, Katalin Törley avait lancé un vaste mouvement de professeurs pour réclamer plus de liberté pédagogique face à un pouvoir « qui prône une éducation digne du XIXe siècle avec du bourrage de crâne plutôt que la construction d’esprits critiques ».
Le soir de son licenciement, 35 000 personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur colère contre les cinq limogeages, décidés par le rectorat au nom de la « mise en danger du droit à l’enseignement des élèves ». Cette foule, inédite depuis la victoire triomphale de Viktor Orban lors des législatives d’avril, était surtout constituée de lycéens n’ayant même pas 18 ans. « Pas de professeur, pas d’avenir », ont-ils scandé sous les fenêtres du Parlement." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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