« On s’est mis en position de cible, c’est incontestable », lâche Katalin Törley, avec une certaine satisfaction. Joviale, lunettes sur la tête, elle enseignait la langue de Molière dans ce lycée qu’elle a fréquenté pendant sa jeunesse et dont elle revendique « l’esprit de liberté ». « Nous, les professeurs de français, sommes particulièrement actifs, constate-t-elle. Peut-être parce qu’on sait quelles sont les réactions en France dès qu’on touche au système scolaire. »

Cette militante aguerrie, qui s’occupe à mi-temps de soutien scolaire aux jeunes Roms, n’en est pas à son coup d’essai. Dès 2016, Katalin Törley avait lancé un vaste mouvement de professeurs pour réclamer plus de liberté pédagogique face à un pouvoir « qui prône une éducation digne du XIXe siècle avec du bourrage de crâne plutôt que la construction d’esprits critiques ».

Le soir de son licenciement, 35 000 personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur colère contre les cinq limogeages, décidés par le rectorat au nom de la « mise en danger du droit à ­l’enseignement des élèves ». Cette foule, inédite depuis la victoire triomphale de Viktor Orban lors des législatives d’avril, était surtout constituée de lycéens n’ayant même pas 18 ans. « Pas de professeur, pas d’avenir », ­ont-ils scandé sous les fenêtres du Parlement." La suite sur lemonde.fr (article payant)