Jeno Janovics - NFI Archive Nationale de Hongrie
"Dans le cadre du cycle "Classiques du cinéma muet hongrois", la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé accueille György Ráduly, Directeur de l’Archive Nationale de Hongrie.
Le cinéma muet hongrois est loin d’être suffisamment connu ni en Hongrie, ni ailleurs dans le monde. Lancé en 1901 à Budapest, avec le premier film véritablement réalisé avec les comédiens de théâtre les plus connus de la partie hongroise de l’Empire Austro-Hongrois, il prend son envol au début des années 1910, mais nullement à Budapest. Budapest est une ville de théâtre et de lettres. Les jeunes talents comme Korda Sándor, Fejős Pál ou Kertész Mihály tentent leur chance dans le café du palais New York, essayant de décrocher un travail de plume pour les grands éditeurs de la deuxième capitale de l’Empire. Le cinéma, encore une curiosité de la classe populaire, ne gagne pas pour l’heure le cœur des intellectuels et de la bourgeoisie de la métropole. Le cinéma hongrois s’élève donc ailleurs, dans les provinces hongroises où les pionniers du cinéma comprennent que dans un pays si accroché à sa langue faire concurrence au monde du théâtre n’est possible que s’ils empruntent les adaptations littéraires et les acteurs les plus connus des scènes de l’époque.
Le premier film d’une longueur supérieure à 1 000 mètres naît dans la ville d’Eger, adapté d’un roman de Géza Gardonyi, et les premiers grands succès du cinéma voient le jour dans la ville transylvanienne de Kolozsvár (aujourd’hui Cluj en Roumanie) grâce au directeur de théâtre Jenő Janovics. Janovics a des histoires à adapter pour le cinéma, il a les grands comédiens de son théâtre, il a des costumes et des décors mais il manque de talents jeunes et dynamiques pour la mise en scène. Il fait donc venir Korda et Kertész, avec qui il va produire plus de 100 films en 5 ans. La production du cinéma hongrois, vu le succès des films produits par Janovics, se répand très vite et les cinéastes comme Bródy István, Deéssy Alfréd, Márton Garas font les films remarquables qui seront vite exportés partout en Europe et en Amérique. Janovics et Korda ouvrent le premier grand studio de films, le Corvin à Budapest. Sur le même site, le chef opérateur de Korda, Gusztáv Kovács, ouvre le premier laboratoire de film. On voit grandir d’autres studios, comme l’Astra qui emploie les invalides de la première guerre mondiale et qui est fondée par la première producteur femme en Hongrie, Margit Kornai.
L’année 1918 est l’année record et le restera jusqu’à aujourd’hui. La Hongrie produit plus de 100 films en un an, et pas n’importe lesquels... On trouve parmi eux les films riches en décors et tournés dans les extérieurs difficiles comme L’Homme d’or de Korda ou Anna Karenina de Márton Garas.
Ensuite, comme le pays lui-même, le cinéma hongrois sera décimé. Un grand nombre de cinéastes prennent la route vers l’occident et pour la plupart deviennent de grandes figures du cinéma en Autriche, en Allemagne, en France, en Angleterre et à Hollywood. Kertész devient Michael Curtiz, Korda devient Sir Alexander Korda, Várkonyi Mihály sera célèbre comme Victor Varkoni, et Béla Lugosi immortalise la figure d’un comte sanglant du moyen-âge transylvanien. Dans les années 1920, malgré la qualité des films réalisés par les talents comme Fejős Pál (qui travaillent parallèlement en France en tant que Paul Fejos) et Géza Bolváry, la production cinématographique hongroise ne reprend son élan qu’avec l’arrivée du film parlant en 1931.
En proposant une belle sélection de 7% seulement survivants des 600 films produits avant 1931 en Hongrie, avec la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, nous vous invitons à ce tour panoramique de cette partie oubliée de l’histoire du cinéma européen.
György Ráduly est Directeur de l’Archive Nationale de Hongrie depuis 2017 et membre du Comité exécutif de la FIAF (Fédération Internationale des Archives du Film) depuis 2019. Il a été producteur de séries et de longs-métrages et gérant de la société Yenta Production jusqu’en 2013. Il a également été responsable de distribution et d’édition de DVD, directeur de production à Clavis Films où il a travaillé, en collaboration avec Simon Shandor, à la distribution internationale des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma hongrois et des films de patrimoine européen.
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