"Après la prise de contrôle de l’université de cinéma et de théâtre (SZFE) par un proche du premier ministre nationaliste en 2020, soixante enseignants et une centaine d’étudiants ont créé leur propre établissement, avec les moyens du bord.
Les cartons ne sont pas encore totalement déballés, et les étudiants et leurs professeurs sont toujours perdus dans les gigantesques locaux de l’Université d’Europe centrale (CEU), située en plein cœur de Budapest.
« Je suis désolée, je ne connais pas encore toutes les salles », s’excuse Kata Csato, une enseignante, en essayant désespérément de se retrouver dans le dédale de couloirs quasi déserts de cet établissement supérieur fondé et financé par le milliardaire américain George Soros. Depuis qu’il est devenu l’ennemi numéro un du premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, la plupart des étudiants et des professeurs de la CEU, ainsi que leur direction, ont été forcés de déménager à Vienne, en Autriche.
Kata Csato a pris leur place depuis début septembre avec une grosse centaine d’étudiants et soixante enseignants. « [Ces derniers] nous ont dit que ça faisait du bien de revoir des étudiants », sourit-elle. A 44 ans, cette dynamique et charismatique artiste, professeure de marionnettes, est à la tête d’un projet qui semblait encore inespéré il y a quelques mois : la création d’une nouvelle « université libre de cinéma et de théâtre » sur les décombres de celle sur laquelle un proche du premier ministre nationaliste, Attila Vidnyanszky, a pris le contrôle à l’été 2020. Metteur en scène et directeur du Théâtre national, celui-ci se veut un fervent défenseur d’un théâtre « chrétien et conservateur ».
Cette nouvelle atteinte à la liberté académique dans cette nation d’Europe centrale déjà connue pour ses multiples dérives en matière d’Etat de droit s’était traduite en 2020 par une résistance d’une ampleur rare.
Solidarité des écoles européennesManifestations, occupations des locaux, actions de perturbations… les étudiants de la SZFE, pour Szinhaz- és Filmmuvészeti Egyetem en hongrois, s’étaient battus comme jamais pour conserver l’autonomie de cet établissement âgé de cent cinquante ans qui a marqué toute l’histoire du cinéma hongrois. Mais ils avaient finalement dû lever le siège, début novembre 2020, lorsque le deuxième confinement avait été décrété en Hongrie.
A cette époque, pas grand monde ne donnait cher du mouvement Free SZFE (« SZFE libre »). « Beaucoup de monde nous disait qu’on avait perdu, mais ils ont eu tort »,
sourit Kata Csato, qui a elle-même démissionné en février 2021 de son
poste à l’ancienne SZFE, avec trente autres professeurs. Grâce à la
motivation inamovible d’une poignée d’étudiants et de professeurs,
appuyée sur un inédit et incroyable geste de solidarité d’autres écoles
de théâtre et de cinéma en Europe, elle a en effet lancé ce qui a été
baptisé le « programme de sauvetage d’urgence » de ses anciens
étudiants." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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