"La coalition hétéroclite, qui espérait battre le dirigeant nationaliste, pourrait ne pas survivre à sa défaite aux élections législatives.
Les ferments de la division sont apparus au grand jour dès le soir de la déroute. Dimanche 3 avril, lorsque Peter Marki-Zay, le chef de file de l’opposition hongroise, est monté sur la scène de la patinoire de Budapest où il avait organisé sa soirée électorale, il était seul avec sa femme et ses enfants pour reconnaître sa lourde défaite face à Viktor Orban dans une ambiance sinistre. Des six chefs de partis d’opposition qui le soutenaient pour ce scrutin finalement remporté avec plus de 54 % des voix par le premier ministre nationaliste sortant, seulement deux sont venus ensuite pour une brève déclaration : le maire de Budapest (écologiste), Gergely Karacsony, et l’eurodéputée Anna Donath, cheffe du parti libéral Momentum.
En revanche, les leaders des deux partis les plus puissants de cette coalition inédite, qui avait espéré faire tomber M. Orban après douze ans de pouvoir, se sont faits discrets. Et dès lundi, Ferenc Gyurcsany, chef de la Coalition démocratique (DK, gauche), et Peter Jakab, président du Jobbik, une formation anciennement d’extrême droite, ont sorti les couteaux contre leur candidat de la veille. « Il n’était pas le meilleur capitaine », a tranché M. Gyurcsany ; « il a causé la chute de l’opposition », a renchéri M. Jakab, au sujet de ce maire catholique d’une petite ville de province, désigné adversaire de M. Orban à la suite d’une primaire inédite en octobre 2021.
Choisi précisément pour son profil de conservateur modéré, farouchement anticorruption et proeuropéen, M. Marki-Zay, 49 ans, a de fait échoué à convaincre l’électorat qu’il était justement censé séduire : les électeurs de droite de province déçus par le Fidesz de M. Orban et écœurés par la corruption endémique de son entourage. Mais, entre les précédentes législatives de 2018 et celles du 3 avril, l’opposition a finalement perdu plus de 800 000 voix, avant tout dans les campagnes hongroises. La liste unique n’a obtenu qu’un score humiliant, rassemblant 34,35 % des suffrages.
« Illusion »Cette
défaite s’explique en partie par les déclarations provocatrices et les
gaffes de M. Marki-Zay, de même que par le manque de solidarité des
partis censés le soutenir. Mais, si l’opposition hongroise avait
anticipé une courte défaite – qu’elle comptait attribuer à l’inégalité
flagrante d’accès aux médias dénoncée par les observateurs de l’OSCE –,
l’ampleur de la défaite face au Fidesz la force désormais à une remise
en cause en profondeur. « L’explication ne tient pas seulement au
fonctionnement du système, à l’avantage en ressources du pouvoir ou à
quelques phrases prononcées pendant la campagne et faussement déformées
par la propagande », a reconnu Mme Donath." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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