vendredi 3 décembre 2021

Surveillances parentales


"András Forgách, « Fils d’espionne » (Gallimard, 2021, traduit par Joëlle Dufeuilly). Recension de Clara Royer.

Moucharde ou « rose d’Hébron », « simple femme au foyer » ou     « collaboratrice fiable, motivée et correcte », Bruria Avi-Shaul, nom de code « Mme Pápai », était, d’après un témoignage, un « oiseau de paradis multicolore qui, selon la légende, volait toute sa vie durant et ne redescendait sur la terre qu’au moment de mourir ». Elle était aussi la mère d’András Forgách qui, dans ce roman dont le lecteur français tient la version revue et corrigée de 2018 (dans l’élégante traduction de Joëlle Dufeuilly), s’efforce de préserver la pluralité de ces identités, essayant de surprendre leurs confondantes et brutales interactions – leurs cacophonies et leurs harmonies – dans l’histoire troublée de la guerre froide. Née en Palestine, mariée sans amour, citoyenne d’une Hongrie qu’elle n’aimait guère, où ni son mari ni son officier traitant ne partageait son goût de la musique classique, Bruria était privée de langue maternelle même si ses colères la poussaient à parler en hébreu ; « prise en tenaille entre deux patries, ou plutôt entre deux trahisons », elle donnait à ses rapports d’informatrice un style « foisonnant, riche en détails » : elle « tissait, tressait, brodait ».

Pourtant, ce portrait maternel n’offre pas qu’une apologie du caractère protéiforme de l’identité personnelle, comme une attendrissante randonnée parmi les multiples soi que nous faisons grandir en nous. À l’origine du livre de Forgách, il y a un choc éthique, un bouleversement moral d’une grande violence : la découverte de l’activité de collaboratrice de sa mère avec la police secrète hongroise." La suite sur litteraturehongroise.fr

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