"Sur le bout de la glotte
L’Institut culturel aimait travailler avec moi. Depuis quelques mois, du moins. J’en étais vaguement interloqué mais plutôt heureux. Je le vivais comme une sorte d’élection, presque de promotion. Un jour, la responsable m’avait entendu dans un débat sur la littérature hongroise, et elle s’était rappelé mon existence, qu’elle avait oubliée sept ou huit ans plus tôt alors que j’avais déjà passé une tête dans des débats de l’Institut culturel. Depuis quelques mois, j’y avais passé tout le corps, on aurait presque dit que j’y passais ma vie. Disons que j’y suis revenu trois, quatre fois, en un temps record. Une coqueluche.
Je ne suis pas spécialiste de la langue de l’Institut. J’en ai chanté des comptines, traduit quelques poèmes, j’ai fait quelques voyages dans le pays, glané quelques diplômes çà et là, à la valeur toute relative. Dans ma vraie formation initiale, on ne pouvait pas faire de séjours linguistiques : littérature française, latin, grec.
Quant à mon autre grande passion, c’est la langue et la littérature hongroises. Aussi, ce soir là, je ressentais quelque appréhension à présenter une soirée avec deux vraies grandes traductrices professionnelles de la langue de l’Institut. Mon baluchon de bon élève ne faisait pas contrepoids à l’angoisse. Je jetais toutes mes forces dans mon point faible. J’avais lu leur livre avec passion, griffonné les jolis beaux volumes au crayon à papier, comme j’aime faire avant les rencontres littéraires, reconnaissant envers l’existence des points d’exclamation, d’interrogation et surtout des smileys pour marquer les passages émouvants, étranges et humoristiques. J’avais pris, comme souvent, des notes sur de multiples feuilles volantes, tel le gamin de L’Argent de poche, prêt à y fourrager comme dans des feuilles d’une salade livide, le jour J, comme si l’angoisse de ne pas trouver la question suivante activait mon cerveau…" La suite sur recoursaupoeme.fr
Guillaume Métayer
Poète et traducteur littéraire des langues hongroise et de allemande, animateur de la revue Po&sie, Guillaume Métayer est également chargé de recherche au CNRS, membre du Centre d'étude de la langue et de la littérature françaises des XVIIe et XVIIIe siècles (CELLF).
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