mercredi 28 février 2024

Quand Israël sacrifiait un héros

"Il y a quatre-vingts ans, le 19 mars 1944, la Wehrmacht entrait en Hongrie, pays allié de l’Allemagne nazie. En moins de trois mois, 440 000 Juifs allaient être déportés et les trois quarts exterminés dès leur arrivée à Auschwitz. À Budapest, l’avocat Rezsö Kasztner parvient à en sauver 1 684 grâce à un sang-froid hors du commun. Dix ans plus tard, son destin bascule, emporté par la raison d’État d’Israël…

Depuis 1920 et la défaite qu’il a infligée à l’éphémère régime communiste de Béla Kun, l’amiral contre-révo­lutionnaire Miklós Horthy règne sur la Hongrie. En échange de son soutien au IIIe Reich, le pays récupère les territoires perdus à l’issue de la première guerre mondiale. Allié de l’Allemagne nazie, le régime de Horthy a fait voter des lois antisémites (en 1938, 1939, 1941) et a expédié cent mille Juifs âgés de 21 à 60 ans dans des bataillons de travail forcé auquel près de la moitié ne survivra pas. En revanche, la Hongrie résiste aux exhortations d’Adolf Hitler à livrer les Juifs aux nazis.

Les choses auraient pu en rester là si, sentant le vent tourner après 1943, la Hongrie n’avait essayé de négocier une paix séparée avec les Alliés. « Horthy, écrit le germaniste Ladislaus Löb, n’est pas un antisémite fanatique, mais un opportuniste qui marche sur une corde raide, essayant de concilier les exigences allemandes et hongroises de prendre des mesures antijuives plus radicales et sa crainte d’un ostracisme international et des représailles alliées.  » Informé, Hitler dépêche ses troupes en mars 1944. Le processus rodé dans d’autres pays s’enclenche à Budapest en un temps record : constitution d’un conseil central des Juifs pour établir leurs localisation, ghettoïsation, expropriation, regroupement et, finalement, déportation. Entre mai et début juillet, 250 trains quittent les provinces hongroises en direction d’Auschwitz. Le maître d’œuvre de la Shoah, l’Obersturmbannführer Adolf Eichmann, dirige sur place les opérations avec l’aide de la police, de la gendarmerie et de la fonction publique locale hongroises. Sur les 440 000 Juifs déportés durant cette période, 330 000 sont exterminés dès leur arrivée dans le camp.

Le comité Vadaa (Va’adat Ezrah Vehatzalah) intervient alors. Ce réseau de secours avait déjà réussi à faire sortir des Juifs de Roumanie et de Slovaquie en les mettant momentanément à l’abri en Hongrie. Rezsö Kasztner, raconte Löb, est « la figure de proue de ce petit (...)" La suite sur monde-diplomatique.fr

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