"Isolé au sein de l’UE, notamment pour sa proximité avec Poutine, le premier ministre hongrois dénonce la « magyarophobie » de Bruxelles.
S’inspirant d’un rituel instauré par Vladimir Poutine, dont il reste proche malgré la guerre en Ukraine, Viktor Orban organise, une fois par an, une conférence de presse dont la longueur est censée compenser la rareté. Cet exercice s’est tenu, mercredi 21 décembre, dans un sombre contexte pour le premier ministre nationaliste hongrois. L’économie hongroise est confrontée à la pire inflation de toute l’Europe (+23,1 % en novembre), l’Union européenne (UE) vient de décider de geler plus de dix milliards de fonds en raison des dérives antidémocratiques du gouvernement et un sondage, publié le 21 décembre, montre que les deux tiers des dix millions de Hongrois considèrent désormais que leur pays « va dans la mauvaise direction ».
« 2022 a été probablement l’année la plus difficile pour la Hongrie depuis la chute du communisme », a d’ailleurs reconnu en ouverture M. Orban. Mais il a immédiatement assuré que son pays avait « obtenu des résultats exceptionnels », blâmant, pour les points négatifs, « Bruxelles », les « sanctions » contre la Russie ou « la banque centrale hongroise ». Cette dernière a dû relever ses taux au niveau record de 13 % pour freiner la chute du forint, la monnaie nationale.
« S’il n’y avait pas de sanctions sur l’énergie, l’inflation hongroise pourrait baisser de moitié », a martelé M. Orban, pour expliquer la gravité relative de la situation économique par rapport à celle de ses voisins d’Europe centrale. En réalité, le pays bénéficie d’une exemption sur l’embargo européen sur le pétrole russe, entré en vigueur en décembre, et il n’y a toujours aucune sanction sur le gaz.
Mais la réalité compte peu dans une Hongrie où le narratif est dominé par les médias à la botte du premier ministre. Ceux-ci ont lancé il y a peu une croisade contre les derniers titres de presse critiques du pays, qualifiés de « médias du dollar » sous prétexte qu’ils seraient financés depuis les Etats-Unis. Les médias de propagande martèlent le message du pouvoir de manière si efficace qu’un sondage de l’Institut Political Capital publié mi-novembre a montré que 36 % des Hongrois croient que « leur gouvernement n’a pas voté pour les sanctions contre la Russie ». Une proportion qui monte à 50 % chez les électeurs du Fidesz, le parti de M. Orban. Or, Budapest a approuvé tous les paquets adoptés à Bruxelles.
« Nous n’avons pas mis de veto contre les sanctions, mais nous n’en avons soutenu aucune », a acrobatiquement soutenu le dirigeant hongrois mercredi, pour entretenir cette confusion. « Quiconque fournit des armes est impliqué dans cette guerre au moins jusqu’aux chevilles. Quiconque forme les soldats l’est jusqu’aux genoux. Et quiconque finance l’un des belligérants – comme l’UE le fait actuellement à hauteur de 18 milliards d’euros – est impliqué jusqu’au cou », a-t-il ajouté, dans une attaque en règle contre la politique européenne de soutien à l’Ukraine. Puis il a défendu son projet de construction d’une extension de sa centrale nucléaire dotée de deux réacteurs fabriqués par une entreprise russe." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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