jeudi 17 février 2022

Hongrie : un cheval de Troie en Europe

"Ancien pourfendeur du communisme et par extension de Moscou, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a opéré depuis plusieurs années un rapprochement diplomatique et idéologique avec Vladimir Poutine. Une aubaine pour la Russie qui exploite cet alignement pour accroitre son influence en Europe.

En pleine crise à la frontière ukrainienne, l’amicale visite du chef de gouvernement hongrois Viktor Orban à Moscou, le 1er février, est venue illustrer une nouvelle fois sa proximité avec Vladimir Poutine. Des grandes manœuvres géopolitiques en cours, il a à peine été question ce jour-là, l’essentiel des discussions ayant porté sur un spectaculaire accord gazier consenti par Moscou à Budapest. Il s'agit d'un atout de poids pour le dirigeant hongrois dans la campagne pour sa réélection, qui vient de s’ouvrir. Coopération économique, mais aussi proximité idéologique autour de la défense d’un ordre moral chrétien, et de plus en plus, alignement géopolitique : la relation des deux pays est aujourd’hui au beau fixe. Pourtant, tout cela n’allait pas forcément de soi, car non seulement la Hongrie est un membre à part entière de l’OTAN, mais Viktor Orban en particulier s’est lancé en politique, au tournant des années 1990, avec comme mot d’ordre la lutte contre le communisme, et l’émancipation d’une forme de tutelle qui avait survécu à l’effondrement de l’URSS.

Comment la Hongrie a-t-elle renoué avec Moscou ? Comment la Russie a-t-elle imposé sa marque sur la Hongrie de Viktor Orban ? A quel point s’articule-t-elle avec le soutien apporté par le Kremlin aux autres extrêmes-droites européennes ? Et que pense l’opinion hongroise de tout cela ?

A partir de 2014 [et de la signature d’un accord nucléaire de grande ampleur avec la Russie], la Hongrie a remis entre les mains de Moscou l’ensemble de son futur énergétique. Il s’agit d’un choix personnel de Viktor Orban et on constate depuis ce moment-là une orientation favorable à un engagement pour la Russie, voir à une dépendance. Paul Gradvohl

La droite hongroise est encore très imprégnée par le touranisme, un mouvement anti-occidental affirmant que la Hongrie doit se rapprocher de ses racines qui sont situées à l’est. (…) Cette imprégnation explique en partie le choix fait par Victor Orban depuis son arrivée au pouvoir de se rapprocher politiquement et économiquement des puissances orientales comme la Chine, la Russie ou la Turquie. Corentin Léotard

Florian Delorme reçoit Paul Gradvohl, professeur d’histoire de l’Europe centrale à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, et Corentin Léotard, journaliste basé en Hongrie et rédacteur en chef du Courrier d’Europe centrale."

A écouter (58min) sur franceculture.fr

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